EMBROUILLE A L'AUBERGE et LEGATAIRE UNIVERSEL
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement
Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO
« EMBROUILLE à L’AUBERGE »
20-ième épisode
Personnages :
Augustin (mari de Mamouzelle)
Mamouzelle (femme d'Augustin)
Sylvestre (Le Facteur)
Mademoiselle Lucie (Fiancée du Comte)
Monsieur Gérard
Le Grand'Claude
Patrick dit : « L'Embrouille »
Lieux :A l'Auberge de la Licorne, située à l'écart du village de Maison Du Bois Doré, dans le Midi de la France)
GENRE : Comédie
AUTEUR : Emilien Casali
EPISODE 21 : « EMBROUILLE ET COMPAGNIE » (1997)
Troisième partie de la pièce « Brèves de Comptoir » (8 personnages)
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement
Contact : Emilien CASALI – (France)
e-mail : casali-emilien1@orange.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
http://biblioscolaire.populus.ch/
http://compballadins.populus.ch/
PROLOGUE
Sylvestre / Augustin
SYLVESTRE, entre en chantant
« Demain, je mènerai la vie de château !
Les vacances se pointe à l'horizon,
Me voilà de surcroît le plus beau !
J'abandonne avec joie ma maison,
Car l'été arrive, et il va faire chaud !
Demain, je mènerai la vie de château !
Les vacances se pointe à l'horizon..."
AUGUSTIN, sort de la cave
Que signifie tout ce vacarme ? Je voudrais bien faire la sieste tranquillement !
SYLVESTRE
Je vous signale, cher Maître, que ce n'est pas encore l'heure de la sieste, mais plutôt l'heure de l'apéritif !
AUGUSTIN
Que faites-vous là, Sylvestre ?
SYLVESTRE
Quelle question ! Eh bé, ce que je fais depuis de très longues années maintenant ! Ma tête ne vous revient pas ?
AUGUSTIN
Vous n'êtes toujours pas parti en vacances ?
SYLVESTRE
Je finis ma tournée matinale ce matin, après quoi, c'est définitif, je prends un congé sans soldes et je vais me dorloter la pilule !
AUGUSTIN
Dans ce cas, qu'attendons-nous pour trinquer à ce jour mémorable ? (Il lui sert un verre de Champinelle) A la vôtre, Sylvestre !
SYLVESTRE
J'avoue qu'il me tardait d'en finir avec cette corvée et de venir prendre le dernier verre de l'amitié en votre compagnie, Augustin. Ensuite, c'est juré ! Je m'envolerai à l'autre bout de la terre.
AUGUSTIN
A l'autre bout de la terre, dites-vous ? C'est une plaisanterie ou quoi ?
SYLVESTRE
Je prends le large, Maestro !
AUGUSTIN
J'espère que vous nous reviendrez bien vite ! ?
SYLVESTRE
Je compte m'absenter deux mois. Je serai de retour pour les vendanges, courant septembre.
AUGUSTIN
Ce qui fait en réalité, trois mois, si mes calculs sont bons !
SYLVESTRE
Peu importe, Augustin ! Vous savez, à l'heure qu'il est, je n'en suis plus à un mois près. Ce qui compte, c'est que je puisse utiliser tout ce temps pour me remettre en question.
AUGUSTIN
Moi aussi, je ferais bien de me remettre en question.
SYLVESTRE
Je le crois également.
AUGUSTIN
Malheureusement, je ne pense pas trouver le temps nécessaire pour voyager.
SYLVESTRE
On s'en trouve toujours, si l'on s'en donne les moyens !
AUGUSTIN
Hélas, je n'ai pas les moyens.
SYLVESTRE
Mais alors, où sont passées vos économies que vous avez planquées à la cave dans un tonneau de Champinelle ?
AUGUSTINE
t pourquoi pas sous le matelas du lit conjugal, tant que vous y êtes ?
SYLVESTRE
Ne me dites pas que vous n'avez plus d’oseilles ?
AUGUSTIN
Le peu d'argent qu'il me reste, je dois l'utiliser pour m'acheter quelque chose.
SYLVESTRE
Et dire qu'un grand gaillard comme vous, çà veut faire de la moto !
AUGUSTIN
Et alors ?
SYLVESTREE
Et pourquoi pas de l ' ULM ?
AUGUSTIN
Je fais ce que je veux, Sylvestre ! Ca me regarde, après tout !
SYLVESTRE
Monsieur Augustin veut se la jouer « Hell 's Angels » !
AUGUSTIN
« Biker », s'il vous plait ! Mais dites-moi, qui vous a dit que je comptais m'acheter
une moto ?
SYLVESTRE
Ce sont là les bruits qui courent dans le voisinage.
AUGUSTIN
Qui donc, précisément ?
SYLVESTRE
Je crois bien que c’est votre grand pote Patrick qui le chante sur tous les toits ! ?
AUGUSTIN
Vous voulez parler de Patrick dit « L'EMBROUILLE » ?
FIN DU PROLOGUE
-------------
ACTE 1 / SCENE 1
SYLVESTRE, AUGUSTIN
SYLVESTRE
Il paraît même que vous comptez vous acheter sa moto avec les économies destinées
au Bébé ! ?
AUGUSTIN
Comment a-t-il pu oser… ?
SYLVESTRE
A votre place, je me méfierais de ce mec ; il n'est vraiment pas digne de confiance.
AUGUSTIN
J'aurais dû me méfier !
SYLVESTRE
Même à moi, il me l'a proposé son drôle d'engin !
AUGUSTIN
Comment cela ?
SYLVESTRE
Il faut dire que çà lui fait de la peine de savoir que c'est sur le dos du bébé que vous comptez lui acheter sa moto ! Alors, il ne préfère pas vous la vendre.
AUGUSTIN
Enfoiré !
SYLVESTRE
Attendez ! Ne vous en fadez pas ! Il n’est pas dit encore que quelqu’un veuille lui acheter sa carcasse.
AUGUSTIN
Ma moto, une carcasse ! Vous plaisantez, Sylvestre ? Il s'agit-là d'un modèle de collection unique en son genre. Vous n'avez vraiment pas idée de la valeur de ce deux roues ? ! ?
SYLVESTRE
Ne me dites pas que ce tas de ferraille peut encore rouler à l'age de quatre vingt ans ?
AUGUSTIN
Tout à fait !
SYLVESTRE
Ne me dites que cette « chiotte » a encore de la valeur ?
AUGUSTIN
Sachez, facteur, que plus cette chiotte prend de l'age, plus elle a de la valeur au yeux d'un collectionneur averti.
SYLVESTRE
J'espère pour lui qu'il soit aveugle ! Parce que votre engin, dans l'état ou il est, même en payant le ferrailleur pour qu'il s'en débarrasse, il n'en voudrait pas !
AUGUSTIN
Cette pièce de collection est d'origine !
SYLVESTRE
Mais ce que vous ignorez, monsieur « Johnny », c'est que votre zigoto vend sa moto en pièces détachées.
AUGUSTIN
Vous exagérez, facteur !
SYLVESTRE
Il parait même qu'en cas de panne, il faudrait des mois pour remplacer les pièces défectueuses de votre soi-disant oeuvre de musée. Reste encore à savoir si on en trouve sur le marché actuel ! ?
AUGUSTIN
C'est justement la rareté de ces pièces qui lui donne tout son précieux et toute sa valeur, monsieur.
SYLVESTRE
Ce qui veut dire que si je revends le bijou, une fois réparé, je peux faire monter les enchères auprès de collectionneurs avertis ? !
AUGUSTIN
Vous avez tout compris, mon cher Sylvestre !
SYLVESTRE
En somme, ce serait une affaire intéressante ! J'ai bien fait de demander un délai de réflexion à votre collègue.
AUGUSTIN
Vous permettez… c'est avec moi qu'il a traité en premier !
SYLVESTRE
Vous laisseriez passer une occasion pareille, « Johnny » ?
AUGUSTIN
Et depuis quand vous intéressez-vous à ce tas de ferraille, Sylvestre ?
SYLVESTRE
Ainsi, l'automne prochaine, lors de ma tournée matinale, je me la jouerai « Biker » avec une moto de luxe ! Puis, l'hiver suivant, je la revendrai le double ou le triple et je m'achèterai un hélicoptère !.. vu que j'ai le brevet de pilote. Je serai beau comme un dieu, fort comme un boeuf, laissant les aigles à la traîne au moment même ou je larguerai le courrier à tous les habitants de Maison-du-Bois doré !
AUGUSTIN
Vous n'allez tout de même pas me prendre ma moto ?
SYLVESTRE
En attendant de posséder un hélicoptère, je me contenterai de la moto ! Hé bé, oui ! Je me vois bien caracoler à deux cents kilomètres à l'heure avec les plus belles filles du voisinage, serrées tout contre le corps du valeureux Sylvestre, s'arrachant les cheveux pour savoir qui d'entre-elles galoperaient sur ma monture fantastique !
AUGUSTIN
Assez, Facteur, assez ! Je vous en supplie, ne prenez pas ma virilité ! C’est tout ce qu’il me reste !
SYLVESTRE, chante à haute voix une chanson de Boris Vian
« Fais-moi mal, Johnny Johnny ! Fais-moi mal, Johnny Johnny ! Fais-moi mal ! »
AUGUSTIN, s’agenouille
Non, ne me prenez pas ma virilité !
SYLVESTRE
T'en fais pas, Johnny, je vais te la rendre ta virilité ! Je ne faisait que blaguer !
AUGUSTIN
Quoiqu’il en soit, vous oubliez pas qu'il va vous falloir beaucoup d'argent pour voyager.
SYLVESTRE
En effet, cher Maître !
AUGUSTIN
Je ne manquerai pas de vous le rappeler jusqu'à la date de votre départ.
SYLVESTRE
D’ailleurs, je me demande bien où je vais pouvoir échouer sur le globe terrestre ?
AUGUSTIN
Vous n'avez toujours pas réservé votre billet d'avion ?
SYLVESTRE
Le monde est si vaste que je ne sais pas par quel bout le prendre ? Peut-être pourriez-vous m'indiquer un endroit dans ce monde où je trouverai l ' Eden ?
FIN DE LA SCENE 1
-----------
ACTE 1 / SCENE 2
LUCIE, AUGUSTIN, SYLVESTRE
LUCIE, entre
Christophe Rodolphe Charles Henri ! Charles-Henri ! Etes-vous là ? Montrez-vous ! Le petit jeu a assez duré !
AUGUSTIN
Je peux peut-être vous renseigner, Mademoiselle Lucie ? Vous cherchez quelqu'un ?
LUCIE
Je cherche monsieur le Comte.
AUGUSTIN
Hélas ! Je ne l'ai pas vu.
LUCIE
Quant à vous, facteur ?
SYLVESTRE
Ca fait une semaine que vous me posez la même question, mademoiselle. Eh bien, toujours pas de nouvelles de sa majesté !
LUCIE
C’est curieux… pour quelqu'un qui fourre son nez un peu partout dans le voisinage...
SYLVESTRE
Je précise : Qui fourrait son nez dans le voisinage !
LUCIE
Mon dieu ! Mais où peut-il bien être ? Il devait rentrer de Florence la semaine dernière.
AUGUSTIN
Il a eu un contretemps, voilà tout ! Les affaires sont les affaires !
LUCIE
Ne lui cherchez pas d'excuses, Augustin. Je me suis renseignée, il n'est plus à « l'Hôtel Benvenutto ».
SYLVESTRE
Qui sait ? Il doit peut-être se remettre en question quelque part à l'autre bout du
monde ?
LUCIE
Pourquoi se remettrait-il en question ?
SYLVESTRE
Dans le voisinage, tout le monde est au courant pour le mariage !
LUCIE
Eh bien oui ! Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard et moi avons décidé de nous marier cet automne !
Et après ?
SYLVESTRE
C'est-à-dire qu'il est très difficile pour monsieur le Comte d'enterrer sa vie de garçon.
LUCIE
Que me chantez-vous là, Facteur ?
SYLVESTRE
De plus, les habitants de Maison-Du-Bois Doré ne voient pas cette nouvelle d'un très bon oeil !
LUCIE
Qu'ils le veuillent ou non, ce mariage aura quand même lieu !
MAMOUZELLE, surgit à ce moment-là
C'est d'ailleurs moi qui préparerai le repas des noces ! Quant à vous, messieurs, cesser d'importuner mademoiselle !
FIN DE LA SCENE 2
----------
ACTE 1 / SCENE 3
LUCIE, MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE
LUCIE
Merci pour votre secours, Mamouzelle.
MAMOUZELLE
Si Mademoiselle Lucie le désire , je peux mettre ces messieurs à la porte ?
AUGUSTIN
Alors là, tu pousses le bouchon un peu loin, ma chérie !
MAMOUZELLE, entraîne Lucie à l'autre extrémité du bar
Venez par ici, Lucie, nous pourrons discuter librement.
AUGUSTIN, s'adresse à Sylvestre
Ces dames ont décidé de nous mettre en quarantaine, Sylvestre.
SYLVESTRE
A votre santé, Mesdames !
MAMOUZELLE
Il n'est toujours pas parti en vacances,
celui-là ?
SYLVESTRE
Je partirai en vacances si çà me chante !
AUGUSTIN
Dites-moi, Sylvestre, vous n'avez pas de courrier à me remettre aujourd'hui ?
SYLVESTRE
Je crois bien que j'ai quelque chose
pour vous ! ?
Sylvestre sort une lettre de sa sacoche et la remet à Augustin ; ce dernier s’empresse de lire le contenu
MAMOUZELLE
Je vous sers une Limonade, Lucie ?
LUCIE
Volontiers ! A propos, Mamouzelle, je profite du fait de ma présence en ce lieu pour vous dire que j'ai pris le temps de réfléchir concernant le nombre des invités…
MAMOUZELLE
Vous avez encore changé d'avis ?
LUCIE
Le nombre ne dépassera pas la vingtaine.
MAMOUZELLE
Et moi qui prévoyait le repas des noces pour une cinquantaine de personnes.
LUCIE
Nous nous limiterons à vingt personnes, c'est plus prudent !
SYLVESTRE, remet une seconde lettre à Augustin
Tenez, Augustin, en voici une seconde ! Je crois bien que c’est écrit en arabe sur
le cachet ! ?
Augustin examine la seconde lettre
FIN DE LA SCENE 3
---------------
ACTE 1 / SCENE 4
LUCIE, MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE
MAMOUZELLE
J'y pense, Lucie... avez-vous eu des nouvelles de Monsieur le Comte, cette semaine ? Est-il revenu de Florence ?
LUCIE
Toujours pas.
MAMOUZELLE
Je parie qu'il ne vous a toujours pas téléphoné.
LUCIE
Il m'avait pourtant promis de le faire.
MAMOUZELLE
Des paroles, encore des paroles, toujours des paroles !
LUCIE
Bien que cette fois-ci, il y perdra beaucoup ! Un contrat est lié entre nous, voyez-vous.. ?
MAMOUZELLE
Vous croyez encore au Père Noël, Mademoiselle.
LUCIE
Cette fois-ci, il aura tout intérêt à respecter ses engagements, s'il ne tient pas à se retrouver sur la paille !
MAMOUZELLE
Vraiment ?
LUCIE
Voyez-vous, mon fiancé à signer un acte solennel en présence de Maître Jacques son avocat.
MAMOUZELLE
Autrement dit ?
LUCIE
Eh bien, voilà, lorsque mon fiancé s'absente aussi longtemps, celui-ci se voit pénalisé et se retrouve alors passible d'un dédommagement à mon encontre, et ce, cumulable, chaque jours durant. C'est d'ailleurs lui-même qui en a rédigé le contrat. Je ne crois pas qu'il puisse s'absenter trop longtemps ; il est tellement attaché à ses biens personnels.
MAMOUZELLE
Qu'entendez-vous par « biens personnels » ?
LUCIE
Figurez-vous que Christophe Rodolphe Charles Henri et j'en passe a décidé de faire de moi sa « Légataire Universelle » ! Et comme disait Jean de la Fontaine : « Tel est pris, qui croyait prendre ! » Maintenant le processus est lancé ! Sa Majesté ferait bien de s'en inquiéter s'il ne veut pas que Rodrigue lui botte les fesses !
MAMOUZELLE
Enfin ! Vous avez brisé la glace ! Mes félicitations, Lucie !
LUCIE
Je n'ai même pas eu recourt au chantage.
MAMOUZELLE
La balle est dans votre camp, à présent.
LUCIE
Encore merci pour vos conseils, Mamouzelle.
MAMOUZELLE
A partir de maintenant, profitez-en un maximum ! Ne vous refusez rien, prenez tout ! Et surtout, n'ayez aucun scrupule ; vous allez mener votre barque à la baguette ! (Puis elle s'adresse à Augustin) Dis donc, poivrot, tu permets que je jette un coup d'oeil sur le courrier ?
AUGUSTIN
C'est à moi que tu dis ça ?
MAMOUZELLE
A qui d'autre ?
AUGUSTIN
Laisse-moi tranquille, Bobonne !
MAMOUZELLE
A quoi tu joues ? Il est à moi aussi ce
courrier !
AUGUSTIN
Cinq secondes.
MAMOUZELLE
Donne-moi ces lettres !
AUGUSTIN, lui remet une lettre
Tiens ! En voilà une ! Quant à l'autre, je regrette, elle est pour moi.
FIN DE LA SCENE 4
----------------
ACTE 1 / SCENE 5
LUCIE, MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE
MAMOUZELLE, se saisit de la lettre
Je vois… c'est encore le service des eaux.
SYLVESTRE, qui déguste tranquillement son verre
Vous n'avez plus de nouvelles de Monsieur Roberto ?
AUGUSTIN, qui a les yeux collés sur la seconde lettre
Il va très bien ! C'est d’ailleurs lui qui m'écrit.
LUCIE
Mademoiselle Roméo est rentré de vacances, Mamouzelle.
MAMOUZELLE, qui a les yeux collés sur sa facture
Vraiment ?
LUCIE
Elle n'est pas venue vous rendre visite ?
MAMOUZELLE
Non.
SYLVESTRE, de son coté
Il parait qu'il est question de rupture entre mademoiselle Roméo et monsieur Roberto ? !
AUGUSTIN, les yeux toujours collés sur la seconde lettre
Ah bon ?
SYLVESTRE
C'est même une certitude.
MAMOUZELLE, remet la lettre sous le nez d'Augustin
Tiens, poivrot, c'est pour toi !
AUGUSTIN
Je ne crois pas.
MAMOUZELLE
Tu fuis encore devant tes responsabilités ?
AUGUSTIN
Tu ne vas pas remettre çà sur le tapis ?
MAMOUZELLE
Ce n'est sûrement pas "bobonne" qui va payer la facture !
AUGUSTIN
Je te signale que c'est toi qui tiens la caisse.
MAMOUZELLE
Parlons-en de la caisse ! Elle est vide !
AUGUSTIN
On a bien des économies cachées
quelque part ?
MAMOUZELLE
Pas question d'y toucher !
AUGUSTIN
Mais alors, comment va-t-on faire pour payer la facture ?
MAMOUZELLE
C'est bien toi le Maître des lieux ?
AUGUSTIN
Je ne vois qu'un seul moyen.
MAMOUZELLE
Pas question de toucher aux économies du bébé ! (Elle entraîne Lucie vers la sortie) Allons faire un tour dans le jardin, Lucie !
FIN DE LA SCENE 5
-----------------
ACTE 1 / SCENE 6
AUGUSTIN, SYLVESTRE,
PATRICK dit « L 'Embrouille »
PATRICK, dit « L 'Embrouille » fait son entrée soudaine, pilotant une moto imaginaire
Que tout le monde se bouge de là ! Vroum, vroum ! Mission spéciale ! Vroum, Vroum ! Venez jouer, venez gagner ! Tentez votre chance ! Vroum, Vrooouuummm ! Qui n'a pas gagné va gagner ! Voici le modèle du siècle ! Je l'offre pour un prix raisonnable. Faites vos jeux, tentez votre chance ! Vrouuumm,Vroum !
AUGUSTIN
Quel bon vent t'amène jusqu'ici, Chevalier ?
PATRICK
Je te raconterai tout ça dès que tu m'auras servi à boire ? Salut, Facteur !
SYLVESTRE
Excusez-moi, messieurs, mais il faut que j'aille «donner la main au père du gosse » ! Ma vessie va éclater !
AUGUSTIN
Monsieur Patrick a pris le temps de réfléchir à ma proposition ?
PATRICK
J'accepte ton offre !
AUGUSTIN
Surtout, n'en parle pas à ma femme ou à quiconque.
PATRICK
Evidemment !
AUGUSTIN
Je compte sur toi, L'Embrouille !
SYLVESTRE, fait son retour
Dites-moi, monsieur Patrick, vous avez fini par remplacer les pièces défectueuses du pot d’échappement ?
PATRICK
Vous allez dès maintenant pouvoir le constater par vous-même, facteur. Je vais faire un essai rien que pour vous ! (Il fait semblant de monter imaginaire pour y effectuer une démonstration) Vous allez voir ce que vous allez voir, mes amis ! Le temps de mettre en marche le moteur. Et voilà ! Vroum, Vroum, Vrouuuumm !
PATRICK, toujours
Comme vous pouvez le constater, le pot d'échappement ne dégage aucune fumée polluante, car il est muni d'un filtre écologique qui permet d'absorber la fumée et de la faire simultanément disparaître... Première innovation dans le domaine de la mécanique à deux roues. Vroum, Vrrooumm ! Vroumm ! D'excellents freins, avec une manette d'un coté, pour la marche avant, et une manette de l'autre coté pour la marche arrière ! Vroooouummm, Vrooouuummm ! Une tenue de route confortable, avec commande automatique nocturne pour « Bikers » ou « Hell's Angels » roulant de jour comme de nuit ! Avec cette nouvelle option, mes amis, vous allez pouvoir dormir sur vos deux oreilles tranquillement ; l'ordinateur de bord informatique vous téléguidera jusqu’aux confins de la nuit ! Vrroouuummmm, Vrrouuumm ! Des gentes en aluminium chromées, recouvertes d'une fine couche d'argent... Vroummmm, vrouuummm ! Des sièges en peau de guépard, sur lesquels on peut s'allonger avec les plus belles gonzesses du voisinage ! Bouton d'arrêt simultané ! Et voilà que le tour est joué ! Nous sommes arrivés à bon port ! Quand dites-vous Messieurs ?
SYLVESTRE
C'est normal qu'il soit transparent votre bolide extra terrien ?
PATRICK
Il n'est pas transparent, monsieur Sylvestre, il est invisible à l'oeil nu, pour échapper au radar de la police... C'est justement cela l'originalité de ce modèle !
AUGUSTIN
Et quand pourra-t-on le rendre visible ?
PATRICK
Pour le voir, il faut payer !
AUGUSTIN
Dans ce cas, tu acceptes le paiement en trois fois ?
PATRICK
Oui, mais je te donnerai la moto qu'après le troisième paiement.
AUGUSTIN
Ce n'est pas ce qui était convenu.
PATRICK
A prendre ou à laisser !
AUGUSTIN
Qui me dit que tu tiendras ta parole ?
PATRICK
Qui me dit que tu paieras ?
SYLVESTRE
Moi, monsieur Patrick, je vous en offre le prix cash !
AUGUSTIN
Mêlez-vous de vos histoires, Sylvestre !
PATRICK
Vous dites cash cash, monsieur Sylvestre ?
SYLVESTRE
Combien, la mise à prix ?
PATRICK
Trois cent cinquante Euros.
SYLVESTRE
Eh bien moi, je vous en offre trois cent trente !
PATRICK
Trois cent quarante !
SYLVESTRE
Trois cent trente-cinq !
PATRICK
Adjugé !
AUGUSTIN
Vous allez me rendre fou, Sylvestre ?
SYLVESTRE
Vous prenez les chèques ?
PATRICK
Bien sûr !
SYLVESTRE, lui remet un chèque
Voici pour vous ! J’ai déjà signé !
PATRICK
Parfait ! Elle est à vous Sylvestre ! Allez, ciao la compagnie ! Vroumm ! VVrrooouuuummm ! Vvrroouuummm ! (Il disparaît aussitôt)
FIN DE LA SCENE 6
-------------
ACTE 1 / SCENE 7
AUGUSTIN, SYLVESTRE,
MAMOUZELLE
AUGUSTIN
Qu'est-ce qui vous a pris, imbécile ? Vous n'aviez pas le droit…
SYLVESTRE
Je voulais vous empêcher de faire une grosse connerie.
AUGUSTIN
Je vais vous égorger, facteur !
SYLVESTRE
Et le service des eaux ! hein ? Qui va le payer ?
AUGUSTIN
De quoi je me mêle, imbécile ?
SYLVESTRE, est poursuivi par Augustin qui le menace avec une bouteille
Et moi qui croyait vous rendre service.
AUGUSTIN
Espèce de voleur ! Vous allez me le payer très cher !
MAMOUZELLE
Que se passe-t-il ici ? (elle se place derrière Augustin qui est en train de molester Sylvestre) Lâche ce pauvre Sylvestre, il ne t'a fait aucun mal !
AUGUSTIN
Mais non, mais non, il ne m'a fait aucun mal ! Il m'a juste fait échouer mes plans ! Rendez-moi ma moto, tout de suite !
MAMOUZELLE
Décidément, elle te monte à la tête cette moto !
SYLVESTRE
Prenez-la votre carcasse, je vous en fais cadeau !
MAMOUZELLE
Cela suffit, poivrot ! Lâche-le !
(Elle réussit à les séparer tous les deux)
AUGUSTIN
Mais où est passée ma moto ?
SYLVESTRE
C’est vrai ! Où est-elle ? Au voleur !
AUGUSTIN
Au voleur !
SYLVESTRE
Où est passé « l'Embrouille » ?
AUGUSTIN
Espèce d'imbécile ! Vous l'avez laissé partir avec ma moto.
MAMOUZELLE, les bras croisés
On peut savoir ce qui se passe ici ?
AUGUSTIN, s'adresse à sylvestre à voix basse
Si vous lui dites quoi que ce soit, je vous égorge sur le champ.
MAMOUZELLE
J'attends des explications, messieurs.
SYLVESTRE
Je vais tout vous expliquer, ma petite mère. Figurez-vous que quelqu'un m'a volé ma moto.
AUGUSTIN
Et Sylvestre pense que c'est moi le voleur, ma chérie.
MAMOUZELLE
Il semblerait qu'elle soit devant la porte, votre soi-disant moto ! ?
SYLVESTRE, se rapproche lentement de la fenêtre pour vérifier
Ce n'est pas une moto, çà, c'est une
mobylette !
AUGUSTIN
Monsieur Sylvestre ne va pas bien, ces temps-ci, il confond une mobylette avec une moto.
MAMOUZELLE
On ne lui a pas volé sa mobylette ! Que raconte t’il ? Il a trop bu ou quoi ? Très bien, je vous laisse, messieurs, je dois étendre le linge. Soyez sage à l'avenir ! (elle sort)
AUGUSTIN
Pas de problème, mon canard, je veillerai à ce que Sylvestre boit moins.
SYLVESTRE
C'est quoi tout ce bordel ?
AUGUSTIN
Je croyais qu'il fallait se méfier de « l'Embrouille » ?
SYLVESTRE
Ce type, c'est une grosse éolienne, il blague à longueur de journée. Qu’allons-nous faire, maintenant ? J'ai peut-être une idée ? Je vais faire appel à la police pour qu'elle m'aide à récupérer mon chèque ! ? Qu'en pensez vous, Augustin ?
AUGUSTIN
Nous allons nous rendre à son domicile.
SYLVESTRE
Oh couillon ! vous n'êtes pas un peu fada ? Vous voulez vous prendre une bastos dans la tète ou quoi ?
AUGUSTIN
Ne reculons devant rien. Allons-y ! J'espère que le porte bagage de votre pétrolette est solide ?
SYLVESTRE
C'est bien ce que je pensais, il est fada !
AUGUSTIN
Allons-y, facteur, le temps presse ! C'est moi qui vais prendre les commandes !
Augustin entraîne Sylvestre vers la sortie
FIN DE LA SCENE 7
FIN DE L’ACTE 1
-----------
EPILOGUE
GRAND’CLAUDE, MAMOUZELLE
GRAND’CLAUDE, sort de la chambre
Mamouzelle ! Mamouzelle !
MAMOUZELLE, fait son retour du jardin
Je suis là !
GRAND’CLAUDE
Je vous dérange, peut-être ?
MAMOUZELLE
Que puis-je faire pour vous, Grand'Claude ?
GRAND’CLAUDE
C'est à dire que je n'ai pas pris un seul repas depuis mon arrivée en métropole ... alors, comprenez-vous ?
MAMOUZELLE
Mettez-vous à table ! Je reviens de suite ! (Elle rentre dans la cuisine puis en ressort aussitôt avec du fromage et du pain disposés sur une assiette) Voilà pour vous, mon grand ! Du fromage et du pain ! De quoi vous caler l'estomac en attendant le souper .
Le GRAND’CLAUDE
Parfait , « Baby » !
MAMOUZELLE, remarque un tatouage sur son épaule
Pas mal le requin tatoué sur l'épaule !
GRAND’CLAUDE
C’est un porte bonheur !
MAMOUZELLE
Je vous laisse, j'ai la lessive à faire ! (Elle va à la cave)
MONSIEUR GERARD, entre
Bon appétit, jeune homme !
GRAND’CLAUDE
Le travail est terminé ?
MONSIEUR GERARD
Une partie seulement.
GRAND’CLAUDE
Un morceau de fromage ?
MONSIEUR GERARD, placé près de la porte d’entrée
Non merci. Je ne fais que passer. J'ai oublié ma canne ce matin... je l'ai laissée contre le bar.
GRAND’CLAUDE
Ne bougez pas, je vais la chercher ! (Il se saisit de la canne placée contre le bar et la lui rapporte) A votre age, il ne faut pas faire trop d'effort.
MONSIEUR GERARD
Ne vous en faites pas pour moi, mon jeune ami ; j'ai conservé toute ma jeunesse ! Croyez-moi, je plais encore aux femmes !
GRAND’CLAUDE
Vous en avez de la chance.
MONSIEUR GERARD
Pourquoi, ce n'est pas votre cas ?
GRAND’CLAUDE
Moi, je ne sais pas trop y faire avec les femmes. D’abord, je suis un célibataire endurci et timide.
MONSIEUR GERARD
Un jour ou l'autre, vous tomberez sur l'âme sœur. Je vous le certifie ! Et puis , moi, à votre âge , j'étais bien plus optimiste que vous, jeune homme, et sans doute plus vaillant ! Il m'arrivait même de fréquenter trois petites minettes à la fois.
GRAND’CLAUDE
Quel champion !
MONSIEUR GERARD
Tant et si bien que je m'arrangeais toujours pour que l'une d'entre elles, sans doute la plus dégourdie, m'apporte le petit déjeuner dans la vigne. En ce temps-là, je travaillais de cinq heures du matin jusqu'à la tombée de la nuit; je n'avais pas le temps de chômer.
Il fallait bien manger pour avoir assez de résistance pour tenir le coup dans la vigne. Le travail était rude et passait souvent à la place des congés. Alors, il fallait bien que la seconde petite minette m'apporte le souper ! Quand à la troisième, elle m'apportait le dîner en fin de journée. Parfois, entre deux repas, une quatrième petite minette m'apportait le goûter ! J'avais l'âme d'un jongleur en ce temps-là ! J’exerçais mon numéro avec brio !
GRAND’CLAUDE
Ah ! si seulement, ça pouvait m'arriver à moi aussi !
MONSIEUR GERARD
J'ai comme le pressentiment, qu'à la seconde même où je vous parle, une bergère s'intéresse à vous.
GRAND’CLAUDE
Dans ce trou perdu ? Vous voulez rire !
MONSIEUR GERARD
N'avez-vous rien remarqué dans le regard de Mamouzelle, tout à l'heure ?
GRAND’CLAUDE
Déconnez pas, elle est mariée !
MONSIEUR GERARD
De mon temps, les femmes mariées ne demandaient pas mieux que d'avoir une petite aventure de temps à autre avec un inconnu. Et puis, vous savez… Mamouzelle est une femme libérée sexuellement. Croyez-moi, vous ne seriez pas sa première aventure !
GRAND’CLAUDE
Cependant, il y a son mari.
MONSIEUR GERARD
Elle se moque pas mal de ce couillon ! Je suis certain qu'elle est en manque d'Amour en ce moment ! Je le sens lorsqu'elle s'approche de vous, une odeur de féline en chaleur se dégage de son corps. Ici, il ne vous manquera rien, Mamouzelle est toujours au petit soin.
GRAND’CLAUDE
Je ne suis pas vraiment un adepte de la vie sédentaire.
MONSIEUR GERARD
Dans ce cas, vous l'emmènerez en voyage. Cette femme a envi de sortir de son trou perdu et de prendre la poudre d'escampette ! Seulement voilà… elle attend avec une impatience grandissante… d'heure en heure… que son prince charmant vienne la délivrer.
GRAND’CLAUDE
Je dois réfléchir ! Bonne journée, monsieur Gérard ! (il rentre dans la chambre ensuite)
Fin de l’Epilogue
FIN DU 20-ième EPISODE
Affaire à suivre dans le 21-ième épisode intitulé : « EMBROUILLE ET COMPAGNIE »
CLIQUEZ SUR LE LIEN POUR ENTRER DANS LE WEB SITE DE L'AUTEUR : EMILIEN CASALI