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TITRE : DOCTEUR H STORY

 
 
 
Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO 
Dans 
“Docteur H Story” 
52ième épisode 
 
LE DOCTEUR HOFFMANN 
MADEMOISELLE MIETTE 
GERARD DE NERVAL 
THEOPHILE GAUTIER 
NICOLAS GOGOL 
WILHELM GRIMM 
CHARLES NODIER 
EDGAR ALLAN POE 
 
Lieu : Hôtel Pimodan (situé au bord de I’île Saint-Louis - Paris) 
Genre : Comédie 
 
EPISODE 52 : « DOCTEUR H STORY » (2002) 
Première partie de la pièce du même titre «Docteur H Story» (8 pers) 
 
Auteur : Emilien Casali 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement 
 
Contact : Emilien CASALI– (France) 
e-mail : casali-emilien1@orange.fr 
 
http://emiliencasali.populus.ch/ 
http://biblioscolaire.populus.ch/ 
http://compballadins.populus.ch/ 
 
 
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PROLOGUE 
 
 
MADEMOISELLE DENISE (la vieille servante), CHARLES DICKENS, THEOPHILE GAUTIER 
 
 
Cette histoire se déroule le 24 décembre 1843 pendant le réveillon de Noël. Nous nous trouvons dans le grand salon de l'hôtel Pimodan, situé au bord de l'île Saint-Louis à Paris, éclairé à son extrémité par quelques lampes; Les mûrs boisés de menuiseries peintes en blanc sont couverts à moitié de toiles rembrunies au cachet de l'époque. Dans la pièce se tient un poêle gigantesque, et sur le sol repose un tapis Persan sur lequel est placé une table basse entourée de fauteuil, à coté se trouve un arbre de Noël planté au milieu d'une large table ronde, magnifiquement illuminé par de petites bougies et tout garni d'objets miniaturisés étincelants : des poupées avec des joues roses qui se cachent derrière les feuilles vertes; des montres avec des aiguilles mobiles; des tables vernies, des chaises, des lits, des armoires, des violons, des tambourins, des livres, des boîtes de peinture, des boîtes de bonbons, des corbeilles, des fusils, des sabres, des drapeaux, des sabots, des toupies, des plumes, des carnets de bal, des porte briquets, des fruits artificiels tels que des pommes, des poires, des bananes, des citrons, des oranges; il y a aussi des sorcières en cartons qui se tiennent par la main pour danser la ronde du Sabbat. Charles Dickens, debout sur un escabeau, place des objets miniaturisés sur le sapin. 
 
Soudain, la sonnette retentit. Denise, la vieille servante, entre dans le salon en s'appuyant toute courbée sur une petite béquille de bois du Liban surmontée d'une forte poignée en or , suivie de Théophile Gautier qui tient une cafetière dans une main. 
 
DENISE, une chandelle à la main 
Entrez, mon brave, Entrez !  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Maître n’est pas là pour m'accueillir ? 
 
DENISE 
Il fera son apparition dès lors que tous les invités seront réunis dans le grand salon. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Combien de personnes sont attendues pour dîner ? 
 
DENISE 
Vous serez au nombre de Sept.  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Et maintenant, puis-je connaître la véritable identité de votre Maître ? Celui-ci n'a laissé que l'initiale « H » sur la convocation, précédé du titre de « Docteur ». 
 
DENISE 
Vous ne tarderez pas à la découvrir, mon petit. 
 
CHARLES DICKENS, descend de l'escabeau 
Merry Christmas, mon cher Théophile Gautier !  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Charles Dickens ! Vous, ici ? Est-ce possible ? Je vous croyais définitivement installé au Etats-Unis depuis l'an 1842. 
 
CHARLES DICKENS 
En vérité, je n'y ai séjourné que quelques semaines, le temps pour moi d'y traiter une affaire des plus urgentes. Mais tout d'abord, apprenez mon cher, que pour rien au monde je n'abandonnerais ma patrie : l'Angleterre est ma terre nourricière, n'est-ce pas. Et je lui dois par dessus tout mon succès littéraire. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Vous semblez négliger votre succès populaire Outre-atlantique. 
 
CHARLES DICKENS 
Il se trouve que les journaux américains m'ont donné beaucoup de fil à retordre l'an passé. J'ai dû protester parce que ceux-ci publiaient mes œuvres sans verser des droits d'auteur; mon succès m'a valu beaucoup d'imitateurs; mes livres furent piratés, et je dus faire procès sur procès pour faire valoir mes droits. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Je comprends cela parfaitement. Mais pour l'heure, comment se fait-il que vous ayez choisi Paris et non Londres pour y fêter le réveillon de Noël ? 
 
CHARLES DICKENS 
Le hasard a souhaité que je célèbre l'arrivée du Messie en votre compagnie, mon ami. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Ah ! je vois... vous aussi avez obéi à la convocation mystérieuse… 
 
CHARLES DICKENS 
Qui fut d'ailleurs rédigée en termes énigmatiques, que seuls peuvent comprendre les affiliés du « Club Fantasia », et par conséquent inintelligible pour les autres.  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Dites-moi, Charles, où dois-je déposer ma cafetière?  
 
DENISE, qui se tenait à l'écart 
Déposez-la sous le sapin ? 
 
CHARLES DICKENS, sursaute 
Oh, mon dieu ! Vous m'avez fait peur, Mademoiselle Denise. Je vous croyais parti. 
 
Théophile Gautier place la cafetière sous le sapin... 
 
DENISE 
A présent, si Monsieur Gautier veux bien me suivre jusqu'à la cuisine.  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Je vous demande pardon ?  
 
DENISE 
Il paraît que vous êtes grand expert dans la préparation du« Damawesk ». 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Sont-ce là les bruits qui courent, Mademoiselle Denise ? 
 
DENISE 
Après vous, jeune homme.  
 
Denise et Théophile sortent... 
 
CHARLES DICKENS 
Bon, maintenant que la décoration du sapin est achevée, je vais enfin pouvoir me tourner les pouces. 
 
DENISE, ressurgit 
Pas encore, Charles, pas encore ! D'autres invités illustres vont se joindre à vous au cours de la soirée. Il vous appartiendra alors de les réceptionner. 
 
CHARLES DICKENS 
Je regrette... cette tâche vous incombe, ma vieille. 
 
DENISE 
Vous ferez selon la volonté du « Docteur H » ! (Puis elle sort) 
 
CHARLES DICKENS 
Je vais quand même m'asseoir. (Il s’assoit, puis se relève aussitôt lorsque la sonnette retentit) Décidément, il n' y a pas moyen de se reposer ici.  
(La sonnette retentit à nouveau) Voilà, voilà, j'arrive ! (Il sort) 
 
 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
---------------------- 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
 
 
 
CHARLES DICKENS, EDGAR ALLAN POE,  
NICOLAS GOGOL  
 
 
EDGAR ALLAN POE et NICOLAS GOGOL, entre en titubant, bras dessus, bras dessous, tout en chantant à voix haute 
C'est moi, c' est moi, c'est moi, je suis la mandragore, la fille des beaux jours qui s'éveille à l'aurore, et qui chante : « c'est à boire qu'il nous faut ! Oui, oui, oui ! C'est à boire qu'il nous faut ! Non, non, non ! C'est à boire qu'il nous faut ! »  
 
CHARLES DICKENS, entre à ce moment-là 
Voyons, voyons, Messieurs, un peu de silence ! 
 
EDGAR ALLAN POE, qui tient une bouteille de Porto 
Joyeux Noël, mon petit Charles ! Dis-moi, j'en fais quoi de cette bouteille vide ? 
CHARLES DICKENS 
Je t'en prie, Allan, un peu de tenue… Mademoiselle Denise n'est pas très loin, vois-tu. 
 
EDGAR ALLAN POE 
Qu’attends-tu pour m’embrasser, Charles ? 
 
CHARLES DICKENS 
Bon sang ! Ce que tu peux empester l'alcool ! Je me demande ce que la servante va bien pouvoir penser de toi ? 
 
EDGAR ALLAN POE, déclame un extrait du poème de Charles Baudelaire 
« La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse, et qui dort son sommeil sous une humble pelouse. Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs... » 
 
CHARLES DICKENS, s'écarte 
Je t'en conjure, tais-toi ! 
 
EDGAR ALLAN POE 
Devine un peu qui m'a reçu chez lui cette après-midi, celui là même qui m'a présenté à ce fou de Nicolas Gogol ?(Il désigne Nicolas du doigt) 
 
NICOLAS GOGOL, fait une courbette 
Mes hommages, Monsieur !  
 
EDGAR ALLAN POE 
Tu donnes ta langue au chat, Charles ?  
 
CHARLES DICKENS 
Crie moins fort, veux-tu !  
 
EDGAR ALLAN POE 
Il a été épaté par mon recueil de nouvelles fantastiques, tant est si bien qu'il souhaiterait en faire la traduction française. Tu ne vois vraiment pas de qui il s'agit ? 
 
NICOLAS GOGOL, qui titube 
C'est bien vous le farceur qui se fait passer pour un certain « Docteur H » ? Comme vous pouvez le remarquer, Allan et moi avons répondu à l'invitation. Enchanté, Docteur ! Madame se porte bien ? 
 
CHARLES DICKENS 
Vous faites erreur, je ne suis pas le « Docteur H ».  
 
NICOLAS GOGOL 
Vous voulez bien me servir un petit Cognac, Docteur, j'ai la gorge enrouée. (Après quoi il s'affale sur le tapis Persan)  
 
CHARLES DICKENS 
Je suis Charles Dickens, comprenez-vous ? 
 
NICOLAS GOGOL, lui fait un petit signe de la main 
Je me présente : Nicolas Gogol. Mes hommages, Monsieur. 
 
EDGAR ALLAN POE, s'affale sur le tapis 
Pour moi, ce sera un Porto ! 
 
CHARLES DICKENS 
Désolé; ce n'est pas moi qui suis chargé de faire le service.  
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
--------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
CHARLES DICKENS, EDGAR ALLAN POE,  
NOCOLAS GOGOL, DENISE, (La Vieille servante) 
 
 
DENISE, entre 
Ah ! Ah ! Je vois que ces messieurs ont pris place près du sapin. Joyeux Noël ! 
 
CHARLES DICKENS 
Justement... vous tombez bien, Denise, ces deux messieurs souhaiteraient prendre un verre. 
 
NICOLAS GOGOL 
Pour moi, ce sera un Cognac, ma petite dame. 
 
DENISE 
Il vous est formellement interdit de consommer autre chose que de la « pâture » en ce soir de réveillon.  
 
NICOLAS GOGOL 
Qu'est-ce donc que cette « Pature », ma petite dame ? De quoi est-elle composée exactement ?  
 
EDGAR ALLAN POE 
Pas même un petit Porto, mère Denise ?  
 
DENISE 
Vous m'en voyez navrée, Monsieur Poe. Car, voyez-vous, je dois respecter la volonté de mon Maître. 
 
NICOLAS GOGOL, s’adressant à Charles 
Eh bien, Docteur, quel est donc votre verdict ? 
 
CHARLES DICKENS 
Je ne suis pas le « Docteur H » ! 
 
 
NICOLAS GOGOL, soulève son chapeau 
Mes hommages, Monsieur !  
 
DENISE 
J’espère que ces messieurs ont apporté avec eux un objet précieux ? 
 
EDGAR ALLAN POE, sort de sa poche un scarabée 
Voilà ! C'est tout ce que j'avais. 
 
DENISE, remet à Charles la chandelle 
Tenez, Charles, prenez cette chandelle ! Et surtout, ne la faites pas tomber ! Bien. (Elle se dirige vers Allan et se saisit du scarabée) Donnez-le moi, je vous prie. (Denise contemple l'objet) Quel magnifique scarabée !  
 
CHARLES DICKENS, le contemple à son tour 
Effectivement, c'est une pièce rare. 
DENISE, se dirige vers le sapin 
Sa place à lui est sur le sapin. (Elle le dépose sur une branche, puis s'adresse à Nicolas) Maintenant, c'est à votre tour, Nicolas ! (Elle se dirige vers lui et lui tend la main)  
 
NICOLAS GOGOL 
Je regrette, j'ai oublié le mien.  
 
DENISE 
En ce cas, je vais me servir moi-même. (Elle le prend par le manteau) Vous allez retirer votre manteau immédiatement et l'accrocher à une branche du sapin. 
 
NICOLAS GOGOL 
En voilà une drôle d'idée !  
 
DENISE 
Ou bien alors, vous préfèreriez que je vous arrache le nez. 
 
NICOLAS GOGOL, lui lance la fameuse tirade de Cyrano de Bergerac, le tout dans une envolée lyrique 
« Qu'a-t-il d'étonnant, mon nez ? Est-il mol et ballant, madame, comme une trompe ? Ou crochu comme un bec de hibou ? Y distingue-t-on une verrue au bout ? Ou si quelques mouches, à pas lent, s'y promène ? Qu'a-t-il d'hétéroclite ? » 
 
 
EDGAR ALLAN POE, applaudit 
Hourra ! Hourra ! Bravissimo ! Bravissimo ! 
 
DENISE, frappe sur le sol avec sa canne 
Taisez-vous, petit morveux ! (S’adressant ensuite à Nicolas) Quant à vous, dépêchez-vous de vous dévêtir ! Et que ça saute, abruti !  
 
NICOLAS GOGOL, retire son manteau et le remet à Denise 
Voilà pour vous, mère Denise ! Attention ! Il s'appelle revient ! Je le récupère à la sortie. 
 
DENISE, se saisit du manteau 
Tout dépendra de la volonté de mon Maître.  
 
NICOLAS GOGOL, s'agenouille et s'agrippe à la robe de la vieille servante 
Je vous en supplie, petite mère, ne le froissez pas, j' y tiens autant que la prunelle de mes yeux ! (Puis il se lève et frappe dans ses mains) Et maintenant, trinquons, les amis ! Qu'en dites-vous ? (Il chante) « C'est à boire qu'il nous faut ! C'est à boire qu'il nous faut !  (Il danse bras dessus bras dessous avec Allan)  C'est à boire, oui, oui, oui !!! C'est à boire, non, non, non !!! » 
 
DENISE, frappe à nouveau sur le sol avec sa canne 
Je vous demande de vous arrêtez ! Je vous demande de vous arrêter ! 
 
NICOLAS GOGOL, s'arrête de danser 
On dit  « s'il vous plaît », ma petite dame !  
DENISE 
Asseyez-vous ! Vous allez attendre sagement l'arrivée du « Docteur H » qui ne tardera pas à faire son apparition. C'est un ordre ! (Puis elle sort) 
 
CHARLES DICKENS, qui s'était assis sur le fauteuil entre temps 
La mère Denise ne cesse de m'intriguer depuis mon arrivée à l'Hôtel Pimodan. 
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
------------ 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
GERARD DE NERVAL, THEOPHILE GAUTIER,  
NICOLAS GOGOL, EDGAR ALLAN POE 
 
GERARD de NERVAL, entre 
« Hier soir, j'ai brisé ma coupe contre une pierre... La tête me tourna d'avoir pu faire une telle chose, et la coupe m'a dit dans sa langue mystique : j'ai été comme toi, tu seras comme moi un jour ! »  Ainsi parlait Omar Khayyam ! 
 
NICOLAS GOGOL 
Ne vous a-t-on jamais appris, mon ami, qu'il fallait sonner avant d'entrer chez les gens ? 
 
GERARD DE NERVAL 
« J'ai vu hier, au bazar, un potier qui piétinait avec acharnement de l'argile et l'argile lui dit, en son mystique langage : jadis, je fus vivante, ainsi que toi. Sois moins brutal. » (Il s’assied sur le fauteuil, à coté des autres invités) Ainsi parlait Omar Khayyam ! 
 
CHARLES DICKENS 
Monsieur le « Bouzingo » est très en verve ce soir ! 
 
GERARD DE NERVAL 
« Nous avons préféré au monde un petit coin et deux pains, et nous nous sommes sevrés du désir de sa fortune et de sa magnificence. Nous avons acheté la pauvreté avec notre coeur et notre âme; nous avons, dans la pauvreté, découvert de grandes richesses. » 
 
EDGAR ALLAN POE 
Ainsi parlait Omar Khayyam !  
 
NICOLAS GOGOL 
Oui, très bien... il se fait soif, ce soir ! 
 
GERARD DE NERVAL 
Salam-al-ecoum, mes frères !  
 
CHARLES DICKENS 
Comment va monsieur « Bouzingo » ?  
 
GERARD DE NERVAL 
Voilà bien une décennie que l'on ne m'a surnommé ainsi. 
 
CHARLES DICKENS 
En ce temps-là, les Borel, O'Neddy, Gautier et autres Duseigneur et vous-même formiez une fantastique équipe ! La camaraderie allait de bon train; vous aviez de l'ambition; vous mettiez tout en oeuvre pour égaler le grand Victor. 
 
NICOLAS, déclame une citation d'Hugo 
« Nous avons une destinée dont le diable a fait l'étoffe et dont Dieu a fait l'ourlet. » 
 
EDGAR ALLAN POE, déclame à son tour une citation d’Hugo 
« Le désespoir est compteur. Il tient à faire son total. » 
 
NICOLAS GOGOL, renchérit 
« La vie n'est qu'un pied-à-terre. » 
 
EDGAR ALLAN POE, renchérit de plus belle 
« Tout courtisan est un noctambule. Le courtisan rôde dans cette nuit qu'on appelle la toute-puissance. »  
 
GERARD DE NERVAL 
C'était au temps des précieuses ridicules du Romantisme. Il nous fallait renouveler la littérature, et pour cela, nous puisions inlassablement dans les ressources du passé national.  
 
CHARLES DICKENS 
Certains d'entre vous ressuscitèrent magnifiquement la vie médiéval; puis ce fut la fin du 16ième , le début du 17ième qui excita les imaginations. 
 
GERARD DE NERVAL 
« Nous sommes des marionnettes et le ciel est le montreur. Sur la scène de la vie nous faisons trois petits tours. Puis un à un retombons dans la caisse du néant. » 
 
EDGAR ALLAN POE 
Ainsi parlait Omar Khayyam !  
 
NICOLAS GOGOL 
Mais il ne s'agissait pas seulement de reconstitution historique, mon cher Docteur : les jeunes romantiques trouvaient dans cette période mal connue que l'on disait baroque... 
 
THEOPHILE GAUTIER, entre avec un plateau sur lequel est disposé 7 petites soucoupes de porcelaines du Japon; il est suivi de Denise la vieille servante 
Une atmosphère idéalisée de liberté et d'audace qui nous paraissait proche de notre propre refus des contraintes classiques. (Il dépose le plateau sur la table) En ce temps-là, la liberté revendiquée fut celle de penser et de vivre mais aussi, bien entendu, de parler ou d'écrire autrement. 
 
GERARD DE NERVAL 
« Mon tour d'existence s'est écoulé en quelques jours. Il est passé comme passe le vent du désert. Aussi, tant qu'il me restera un souffle de vie, il y a deux jours dont je ne m'inquiéterais jamais : le jour qui n'est pas venu et celui qui est passé. »  
 
ALLAN et NICOLAS, ensemble 
Ainsi parlait Omar Khayyam !  
 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
 
GERARD DE NERVAL, THEOPHILE GAUTIER,  
GERARD DE NERVAL, NICOLAS GOGOL,  
EDGAR ALLAN POE, DENISE 
 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Bonsoir tout le monde et joyeux Noël !  
 
CHARLES DICKENS 
Nous commencions à nous impatienter, Théophile. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Bienvenue au « Club Fantasia », mes amis ! 
 
NICOLAS GOGOL 
Il n'y a rien à boire ici ? 
 
DENISE, surgit 
Mon Maître vous servira le café une fois que vous aurez mangévotre portion de « Pâture ».  
 
EDGAR ALLAN POE 
Il ne serait pas possible de prendre un Porto plutôt qu'un café ? 
 
NICOLAS GOGOL 
Ou bien alors... un Cognac ? 
 
DENISE, frappe avec sa canne sur le sol 
Fermez-la ! (Puis elle sort) 
 
CHARLES DICKENS 
Qu'à cela ne tienne ! A table, les enfants ! 
Chaque soucoupe contient de la confiture verdâtre accompagnée d'une cuillère de Vermeil 
 
NICOLAS GOGOL, s’adressant à Théophile 
Comment se nomme cette mixture verdâtre, Maestro? Et de quoi est-elle composée exactement ?  
 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Il s'agit de la confiture de « Damawesk ». Allez-y, servez-vous ! Ceci vous sera défalqué sur votre portion de Paradis, messieurs. 
 
NICOLAS GOGOL 
Où sont passées les tartines ?  
 
GERARD DE NERVAL 
Cela se déguste à la petite cuillère. 
 
EDGAR ALLAN POE 
Cette intervention dans les habitudes culinaires françaises durant le réveillon de Noël me surprend car il n'est guère d'usage de prendre le café avant la dinde, et ce n'est en général qu'au dessert que se mangent les confitures. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
« Il existait en Orient un ordre de sectaires redoutables commandé par un cheik qui prenait le titre de Vieux de la Montagne ou Prince des Assassins, retranché dans une forteresse imprenable des Monts de l'Iran du Nord. Les Assassins sévirent de 1090 à 1256 avec comme spécialité le meurtre politique, toujours pratiqué de manière spectaculaire, au poignard et en publique.  
 
THEOPHILE GAUTIER, toujours 
Les Assassins marchaient avec un dévouement absolu à l'exécution des ordres du Vieux de la Montagne, et quels qu'ils fussent; sur un signe de leur chef, ils pouvaient aussi se précipiter qu haut d'une tour. » 
 
CHARLES DICKENS 
Mais par quel artifice le Vieux de la montagne pouvait-il obtenir une abnégation si complète ? 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Très bonne question, Charles ! Eh bien, au moyen d'une drogue merveilleuse dont il possédait la recette, et qui avait la propriété de procurer des hallucinations éblouissantes. 
 
 
NICOLAS GOGOL 
Cette « pâture » a un goût de pistache. 
 
EDGAR ALLAN POE 
Elle est fameuse ! 
 
CHARLES DICKENS 
Je ne vois toujours pas le rapport entre le « Damawesk » et les « Assassins ». 
 
THEOPHILE GAUTIER 
En êtes-vous vraiment certain ? 
 
CHARLES DICKENS 
Vous voulez dire que... 
 
THEOPHILE GAUTIER, poursuit son récit 
« Ceux qui en avaient pris trouvaient, au réveil de leur ivresse, la vie réelle si triste et si décolorées, qu'ils en faisaient avec joie le sacrifice pour rentrer au paradis de leurs rêves; car tout homme tué en accomplissant les ordres du cheik allait au ciel de droit, ou, s'il échappait, était admis de nouveau à jouir des félicités de la mystérieuse composition. » Je vous souhaite de passer un merveilleux réveillon, messieurs, en attendant l'arrivée du « Docteur H » 
 
EDGAR ALLAN POE 
Le « Docteur H » commence à se faire désirer. 
 
NICOLAS GOGOL 
Il cherche à jouer avec nos nerfs. 
 
DENISE, de retour 
Lorsque les sept disciples seront réunis autour de la table, le Grand Maître apparaîtra ! (Elle sort)  
 
CHARLES DICKENS 
Cette vieille femme est intrigante ! Elle me donne la chaire poule ! 
 
NICOLAS GOGOL 
Moi, je commence à trouver l'affaire fort excitante !  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Si j'en crois les propos tenus par la mère Denise, deux autres pèlerins devraient se joindre au festin en notre compagnie. 
 
EDGAR ALLAN POE 
Quelle perspicacité, « Docteur H » !  
 
CHARLES DICKENS 
Théophile n'est pas le « Docteur H ». 
 
NICOLAS GOGOL 
Si dans cinq minutes nos deux retardataires ne sont pas là, je me verrais alors dans l'obligation de leur confisquer leur portion de « Pâture » ! Ainsi, ces messieurs n'iront pas rejoindre le petit Jésus au paradis. Ah ! Ah ! Ah ! Ah !  
 
EDGAR ALLAN POE, s'adresse à Charles 
Veux-tu bien retirer ton masque, « Docteur H » ! 
 
CHARLES DICKENS 
Vous faites erreur, Monsieur Allan, je ne suis pas le « Docteur H ».  
 
NICOLAS GOGOL, qui s'adresse à Charles 
Et moi non plus, « Docteur H » ! 
 
CHARLES DICKENS 
Je vous assure que ce n'est pas moi. 
 
EDGAR ALLAN POE, s'adresse à Charles 
Ce n'est pas bien de mentir, mon garçon ! 
 
NICOLAS GOGOL désigne Gérard 
Dans ce cas, c'est lui le « Docteur H » ! 
 
GERARD DE NERVAL 
« La nuit la plus sombre a toujours une fin lumineuse ! » 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Ainsi parlait Omar Khayyam !  
 
EDGAR ALLAN POE 
Vive Omar Khayyam ! 
 
NICOLAS GOGOL 
Hip ! Hip ! Hip ! 
 
ALLAN, CHARLES, THEOPHILE, ensemble 
Hourra ! Hourra ! 
 
NICOLAS GOGOL 
Hip ! Hip ! Hip ! 
 
ALLAN, CHARLES, THEOPHILE, ensemble 
Hourra ! Hourra ! 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Une petite devinette, messieurs ? Eh bien, savez-vous où nous nous sommes connus, Gérard et moi ? 
 
EDGAR ALLAN POE 
Lors d'une réception donnée chez le « Docteur H » par Omar Khayyam !  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Pas du tout ! 
 
CHARLES DICKENS 
Sur le dos d'un chameau, dans le désert du Sahara. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Pas du tout ! 
 
NICOLAS GOGOL 
Moi, je sais. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
La parole est à Nicolas.  
 
NICOLAS GOGOL 
Dans le lit de la mère Denise ! Ah ! Ah ! Ah ! (Il fait des grimaces) 
 
CHARLES DICKENS, chante 
« C'est la mère Denise qui a perdu son chat ! C'est la mère Denise qui a perdu son chat ! » 
  
 
EDGAR ALLAN POE, danse avec Charles, Bras dessus, Bras dessous) 
« C'est la mère Denise qui a perdu son chat ! ! C'est la mère Denise qui a perdu son chat ! »  
 
GERARD DE NERVAL 
« Marche avec des sandales jusqu'à ce que la sagesse te procure des soulier. » 
 
CHARLES DICKENS 
Rendez-vous, « Docteur H » ! 
C'est alors que la sonnette retentit... 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
------------ 
 
ACTE 1 / SCENE 5 
 
 
CHARLES NODIER, WILHELM GRIMM,  
GERARD DE NERVAL, THEOPHILE GAUTIER, CHARLES DICKENS, NICOLAS GOGOL, EDGAR ALLAN POE, DENISE (La servante) 
 
NICOLAS GOGOL, se met à quatre pattes et imite le chien 
Whaoh ! Whao ! Whaaaoo ! Whaaaoouuu !  
 
EDGAR ALLAN POE 
Couché, mon petit toutou ! Couché ! Sinon, la mère Denise va te mettre la fessée. 
 
 
NICOLAS GOGOL 
Je te donnerai la « papatte » à condition que tu me donnes une sucrerie. Whaaaaooouu ! ! ! ! Whaaaaooou ! ! ! ! 
 
 
 
CHARLES DICKENS, se déplace vers Nicolas en imitant le gorille 
Houg ! Houg ! Houg ! (Il prend Nicolas par la main) Au nom de la loi, je vous arrête, « Docteur H » ! Houg ! Houg ! Houg ! 
 
EDGAR ALLAN POE, imite le lion 
Haaooccrrr ! Haaooccrrr ! Qui donc va manger l'oreille du brave Charles ? Hein ? Haaooccrrr ! Haaooccrrr !  
 
CHARLES DICKENS 
Retirez votre masque, « Docteur H » ! 
 
La sonnette retentit trois fois... 
 
NICOLAS GOGOL, tourne autour de Charles et d'Allan et chante 
Le facteur n'est pas passé, il passera dans cinq minutes... Dring ! Dring ! Le voilà ! Whaaaaooouu ! ! ! ! Whaaaaoouu ! ! !  
 
CHARLES NODIER, entre, accompagné de Wilhelm Grimm 
Après vous, mon cher Wilhelm ! 
 
WILHELM GRIMM 
Je vous en prie, c'est vous l'aîné. 
 
CHARLES NODIER 
Non, non, allez-y !  
 
WILHELM GRIMM 
Si, si, après vous... 
 
Nicolas se déplace vers eux à quatre pattes... 
 
WILHELM GRIMM 
II semblerait que nos amis soient au rendez-vous. 
 
NICOLAS GOGOL, tourne autour d'eux à quatre pattes 
Le facteur est arrivé ! Le facteur est arrivé ! Dring ! Dring ! Le voilà ! 
 
CHARLES NODIER 
Il semblerait aussi que le « Damawesk » a fait son effet.  
 
 
CHARLES DICKENS, tient Allan par le bras et barre le passage aux nouveaux arrivants 
Vous tombez bien, messieurs. Je viens d'arrêter le « Docteur H » ! Coffrez-le !  
 
CHARLES NODIER 
Ravi de vous revoir, Charles ! Joyeux Noël à tout le monde !  
(Gérard ne dit mot; il semble méditer; Denise entre et se tient près de l'entrée sans que quiconque ne la remarque) 
 
THEOPHILE GAUTIER, bat des ailes comme un oiseau 
Oyez, oyez, braves vieillards ! Il se fait tard ! Où donc allez-vous ainsi ? 
 
CHARLES NODIER 
Nous poursuivons notre quête chimérique, Monsieur Grimm et moi-même.  
 
THEOPHILE GAUTIER 
N'avez-vous rien à signaler ?  
 
WILHELM GRIMM, retire sa ceinture 
J'ai apporté ma ceinture magique. A qui dois-je la remettre ? 
 
THEOPHILE GAUTIER, se saisit de la ceinture qu’il dépose sous le sapin 
Je m'en occupe. 
 
WILHELM GRIMM 
Parfait ! 
 
THEOPHILE GAUTIER, s'adresse à Charles Nodier 
Quant à vous, Charles Nodier... rien à signaler ? 
 
CHARLES NODIER, sort de sa poche une mandragore qu’il secoue comme une cloche 
« C'est moi, c'est moi, c'est moi, je suis la mandragore... » 
 
EDGAR ALLAN POE et NICOLAS GOGOL, se précipite pour contempler la mandragore en chantant 
« La fille des beaux jours qui s'éveille à l'Aurore, et qui chante pour nous ! » (Allan se saisit de la mandragore et la pose contre sa poitrine)  
Mervellous ! Mervellous ! 
 
THEOPHILE GAUTIER, bouscule Allan et Nicolas, puis se saisit de la mandragore 
Bas-les-pattes, messieurs les compères ! (Il dépose la mandragore sous le sapin) Sa place est sous le sapin, n'est-ce pas ?  
 
 
CHARLES DICKENS, invite Charles Nodier et Wilhelm Grimm à prendre place sur le fauteuil 
Que ces messieurs prennent place sur le fauteuil, the show must go on ! 
 
EDGAR ALLAN POE, prend le plateau sur lequel repose les deux soucoupes contenant la confiture, puis le présente aux deux hommes  
Que diriez-vous d'une délicieuse petite sucrerie au goût paradisiaque, messieurs les retardataires? 
 
NICOLAS GOGOL, s'agenouille pour implorer le ciel 
Puisse le Seigneur faire en sorte qu'ils refusent la « pâture » ! Doux Jésus, entends ma voix qui vient du fond ma fosse ! Ah ! Ah ! Ah !  
 
Charles Nodier déguste sa confiture à la petite cuillère... 
 
NICOLAS GOGOL, se lèche les babines à coté de Charles Nodier, près à bondir 
Alors, mon petit père, qu'attends-tu pour recracher la bonne « Pâture » ? 
 
WILHELM GRIMM 
C'est très appétissant, en effet !  
 
EDGAR ALLAN POE, se lèche les babines à coté de lui, près à bondir 
Haaooccrrr ! Haaooccrrr ! Recrache, petit père, recrache la confiture ! 
 
CHARLES NODIER, s'adresse à Allan 
Tiens, mon garçon, lèche la soucoupe !  
 
Allan bondit sur la soucoupe et la lèche. Nicolas en fait de même avec la soucoupe de Wilhelm 
 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
 
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EPILOGUE 
 
 
CHARLES NODIER, WILHELM GRIMM,  
GERARD DE NERVAL, THEOPHILE GAUTIER, CHARLES DICKENS, NICOLAS GOGOL, EDGAR ALLAN POE, DENISE (La servante), LE VENT 
 
CHARLES DICKENS 
Nos deux gentlemen ont-ils trouvé facilement le chemin qui mène à l'hôtel Pimodan ? 
 
CHARLES NODIER 
Wilhelm et moi dûmes affronter le brouillard rendu plus épais encore par le voisinage de la Seine qui estompait tous les objets de sa ouate déchirée et trouée, de loin en loin, par les auréoles rougeâtres des lanternes et les filets de lumière échappés des fenêtres éclairées.  
 
WILHELM GRIMM 
Le pavé, inondé de pluie, miroitait sous les réverbères comme une eau qui reflète une illumination.  
 
CHARLES NODIER 
Une bise âcre, chargée de particules glacées, nous fouettait la figure, et ses sifflements gutturaux faisaient le dessus d'une symphonie dont les flots gonflés se brisant aux arches des ponts formaient la basse.  
 
WILHELM GRIMM 
Il ne manquait à cette soirée aucune des rudes poésies de l'hiver.  
 
CHARLES NODIER 
Il nous fut difficile, le long de ce quai désert, dans cette masse de bâtiments sombres, de distinguer l'hôtel Pimodan. 
 
WILHELM GRIMM 
Cependant notre cocher, en se dressant sur son siège parvint à lire sur une plaque de marbre le nom à moitié dédoré de l'hôtel. 
 
CHARLES NODIER 
Je pressai trois fois sur le bouton de la sonnette en cuivre. Enfin, cédant à une traction plus vigoureuse, le vieux pêne s'ouvrit, et la porte aux ais massifs put tourner sur ses gonds. 
 
WILHELM GRIMM 
Derrière une vitre d'une transparence jaunâtre apparut, à notre entrée, la tête de la servante Denise ébauchée par le tremblotement d'une chandelle. La tête nous fit une grimace singulière, et un doigt maigre s'allongeant hors de la loge, nous indiqua le chemin du grand salon.  
 
CHARLES DICKENS 
Cette femme me donne la chaire de poule !  
 
THEOPHILE GAUTIER 
D'ailleurs, où est-elle ?  
 
NICOLAS GOGOL 
Voilà un bon moment qu'elle nous épie, mon cher. 
 
CHARLES DICKENS 
Cette femme est intrigante, ne trouvez-vous pas ? 
 
EDGAR ALLAN POE 
Elle sort tout droit d'un tableau de Schalken. 
 
La servante reste figée près de l'entrée avec la chandelle... 
 
CHARLES NODIER, à voix basse 
Je suis fort étonné de la voir ainsi occuper le poste de servante à l'hôtel Pimodan.  
 
CHARLES DICKENS 
La connaissez-vous ?  
 
CHARLES NODIER 
Généralement, elle couche sous le porche de l'église Notre Dame. 
 
WILHELM GRIMM 
Vraiment ? 
 
CHARLES NODIER 
Ici, personne ne lui connaît d'origine ni parents. Quant à son âge, il est tel qu'il n'existe pas un vieillard à dix lieux à la ronde qui se souvient de l'avoir connue plus jeune en apparence, plus huppée, ou plus grandelette.  
 
THEOPHILE GAUTIER 
Surprenant ! 
 
WILHELM GRIMM 
Les gens instruits pensent même qu'on ne peut expliquer naturellement les traditions populaires qui courent à son sujet, qu'en supposant qu'il ait eu successivement plusieurs femmes semblables à celle-ci, que la mémoire des habitants se sont accoutumée à confondre entre elles, à cause de l'analogie de leur physionomie et de leurs habitudes, et on cite en effet un titre de 1369, où le droit de coucher sous le porche du grand portail, et de présenter l'eau bénite aux fidèles pour obtenir quelque légère aumône, lui est garanti en reconnaissance du don qu'elle avait fait à l'église de plusieurs reliques de la Thébaïde, lieu de haute Égypte où se réfugièrent les premiers Chrétiens.  
 
CHARLES NODIER 
Cette méprise parait d'autant plus vraisemblable qu'on a vu maintes fois la naine de Notre Dame s'absenter pendant des mois, pendant des saisons, pendant des années, et même pendant le cours d'une ou deux générations, sans qu'on sache ce qu'elle devient. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Et il faut qu'elle ait considérablement voyagée, car elle parle toutes les langues avec la même richesse d'élocutions que le Français de Blois ou de Paris. 
 
NICOLAS GOGOL 
II se fait soif, ce soir ! 
 
 
Soudain, la fenêtre s'ouvre violemment. Pris de panique, les invités sursautent. Le son mélodieux d'un violon pénètre dans le salon; puis apparaît un violon porté par le vent. 
 
LE VENT, s'adresse à Denise 
Bonsoir, Denise ! Fermez la fenêtre derrière moi, et, qu'on se le dise ! Que nos amis ne prennent point froid ! 
 
DENISE, ferme la fenêtre 
Vos invités s'impatientent, mon Maître. 
 
THEOPHILE GAUTIER 
Qui va là ? 
 
LE VENT, qui continue de jouer du violon 
Joyeux Noël à tous, mes amis ! Soyez les bienvenus dans mon humble demeure ! (Il se déplace vers Nicolas tout en jouant de son instrument) N'aie crainte, mon jeune ami, je ne te ferai aucun mal. Je m'en viens te susurrer quelques notes de musique à ton oreille. (Puis le vent se déplace vers Gérard qui s'était endormi) Entends-tu ma mélodie, « Bouzingo » ? 
 
GERARD de NERVAL, se réveille 
« Verse une coupe de vin avant que nous soyons des pots dans l'atelier du potier ! » 
 
LE VENT de NERVAL, cesse de jouer du violon 
N'as-tu rien à me remettre ? 
 
GERARD de NERVAL, s'arrache la main droite 
Je vous ai apporté la main enchantée. 
 
LE VENT, se saisit de la main 
J'en suis fort réjoui ! (La main se saisit du violon) Magnifique !  
 
DENISE 
L'heure est venue pour vous de prendre enfin votre véritable apparence, « Docteur H » ! (Elle se saisit du violon) 
 
 
LE VENT, se place près du sapin et, à l'aide de sa main enchantée, se saisit du manteau 
Le temps pour moi d'enfiler un manteau, puis je suis à vous, mes amis. 
 
Après avoir enfilé le manteau, il ramasse tour à tour les objets placés sous le sapin, à commencer par la mandragore qu'il met dans une poche, le scarabée qu'il met dans l'autre poche; après quoi il enfile la ceinture autour de sa taille. Et pour finir, il se saisit de la cafetière. . . 
 
LE VENT 
Ces messieurs prendront bien une tasse de café ? 
 
NICOLAS GOGOL 
Oh, oui ! Oh, oui ! Très volontiers !  
 
LE VENT, sert le café dans les soucoupes, puis dépose la cafetière sur la table) 
Buvez... Buvez... tant que c'est chaud ! (Il prend peu à peu une voix hypnotique) Maintenant, messieurs, je vais vous conter une histoire qui se déroulera en des temps futurs, à l'aube du vingt et unième siècle. Fermez les yeux... Fermez les yeux... Endormez-vous ! Vous n'entendez plus que le souffle de ma voix... vous dormez... vous dormez... vous dormez... Bien. A présent, vous voilà partis pour un long voyage qui vous mènera peut-être à la postérité ! ? 
 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
 
FIN DU 52-ième épisode 
 
AFFAIRE A SUIVRE DANS LE 53-ième EPISODE INTITULE : 
« HÔTEL PIMODAN » 
 
 
 
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