ARK NETWORK reference.ch · populus.ch    
 
  
Les Aventures Fantastiques de Roberto 
 
 
Rubriques

95 SCENES
24 SERIES
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
Episode 6
Episode 7
Episode 8
Episode 9
Episode 10
Episode 11
Episode 12
Episode 13
Episode 14
Episode 15
Episode 16
Episode 17
Episode 18
Episode 19
Episode 20
Episode 21
Episode 22
Episode 23
episode 24
Episode 25
Episode 26
Episode 27
Episode 28
Episode 29
Episode 30
Episode 31
Episode 32
Episode 33
Episode 34
Episode 35
Episode 36
Episode 37
Episode 38
Episode 39
Episode 40
Episode 41
Episode 42
Episode 43
Episode 44
Episode 45
Episode 46
Episode 47
Episode 48
Episode 49
Episode 50
Episode 51
Episode 52
Episode 53
Episode 54
Episode 55
Episode 56
Episode 57
Episode 58
Episode 59
Episode 60
Episode 61
Episode 62
Episode 63
Episode 64
Episode 65
Episode 66
Episode 67
Episode 68
Episode 69
Episode 70
Episode 71
Episode 72
Episode 73
Episode 74
Episode 75
Episode 76
Episode 77
Episode 78
Episode 79
Episode 80
Episode 81
Episode 82
Episode 83
Episode 84
Episode 85
Episode 86
Episode 87
Episode 88
Episode 89
Episode 90
Episode 91
Episode 92
Episode 93
Episode 94
Episode 95
ROBERTO VOUS...

 

Liens

 Home  | Album-Photo  | Contact

L'ÂME DES CENOSAMIS et LE FUSIL

TITRE : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO 
 
Dans 
 
« L’ÂME DES CENOSAMI » 
66-ième épisode 
 
 
ROBERTO 
MISS MARYL 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS 
LE DOCTEUR DOS SANTOS 
LE SERGENT JOSE 
ERPUR (Chef de la tribu des Cénosami) 
FLAMARDENTE (Femme de Erpur) 
OMELIBRE (Fils de Flamardente) 
TERDESOM (Le Chaman) 
OCLER (Femme de Terdesom) 
EMELAVI (Fille de Terdesom et de Ocler) 
ERBERAR  
OVENLEGE 
BENOÎT PICARDI 
(Aérostier suisse au commande de sa montgolfière : La Renaissance) 
 
 
 
EPISODE 66 : « L'ÂME DES CENOSAMI » (2003) 
Première partie de la pièce « Natural Sceptic » (14 personnages) 
 
AUTEUR : EMILIEN CASALI 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement 
 
Contact : Emilien CASALI– (France)  
e-mail : casali-emilien1@orange.fr 
 
 
http://emiliencasali.populus.ch/ - http://biblioscolaire.populus.ch/ 
http://compballadins.populus.ch/ 
 
 
 
CLIQUEZ SUR LE LIEN POUR ENTRER DANS LE WEB SITE DE L'AUTEUR : EMILIEN CASALI 
 
 
 
 
PROLOGUE 
 
 
ERPUR (Chef de la tribu des Cénosami) / TERDESOM (Le Chaman)  
FLAMARDENTE (Femme de Erpur) / OCLER (Femme de Terdesom) DOS SANTOS (le docteur) /  
ERBERAR et OVENLEGE (Enfants) 
 
L’action se déroule au cœur de la forêt amazonienne, dans le petit campement des indiens Cenosami. Il y a là une case à l’intérieur de laquelle deux bébés gémissent. Terdesom le chaman médite au coin du feu. On aperçoit un arc et des flèches près de la case. 
 
ERPUR, sort de la case, suivi du docteur Dos Santos 
J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, Terdesom, nos femmes viennent d’accoucher sans douleur grâce au remède du docteur Dos Santos qui a réussi a sauver la vie des enfants, mais aussi celle des femmes. 
 
DOS SANTOS 
Disons que je viens à l’instant même de pratiquer deux césariennes sous anesthésie avec une facilité déconcertante.  
 
ERPUR 
Te voilà père d’une magnifique petite fille et moi d’un garçon robuste que Feuargenté ma femme s’est vite empressée d’appeler Omelibre. 
 
DOS SANTOS 
Il est en bonne santé. Un jour, ce sera lui le chef de la tribu des cenosami, messieurs.  
 
ERPUR 
Omelibre épousera ta fille, Terdesom, afin de perpétuer notre tradition. 
 
DOS SANTOS 
Ils vivront heureux et auront beaucoup d’enfants ! 
 
ERPUR 
N’est-ce pas merveilleux, sorcier ? (Terdesom ne répond pas) 
 
DOS SANTOS, frappe sur l’épaule de Terdesom 
Ne restez pas planté là, mon ami. Allez donc rejoindre Ocler, votre femme, celle-ci vous réclame de toute urgence. Elle souhaite vous présenter Emelavi, votre fille. (Terdesom ne répond toujours pas)  
 
ERPUR 
Eh bien, que se passe-t-il ? (Il donne une petite tape sur l’épaule de Terdesom) Tu ne dis rien ? Comment ? Tu n’es pas fier d’être le père d’une magnifique petite fille ?  
 
TERDESOM 
Nous devons rapidement lever le camp, Erpur, le sergent José a retrouvé notre trace… il se rapproche… il n’est plus qu’à quelques pas  
d’ici. (Les flammes s’animent)  
 
DOS SANTOS 
Que racontez-vous là ? C’est impossible ! Tout le monde sait bien qu’il est en prison, que le gouvernement brésilien l’a condamné à perpétuité  
pour le massacre de la plupart des membres de votre tribu.  
 
TERDESOM, passe ses mains dans les flammes 
Il s’est évadé de prison suite à une mutinerie. Il a repris ses anciennes activités. Il tient un fusil dans ses mains. Nos vies sont en danger ! 
 
ERPUR 
Qu’allons-nous faire ? Nos femmes sont très fatiguées, elles ont besoin de repos. Il faut qu’elles reprennent des forces, comprends-tu ? 
 
TERDESOM, est en transe  
Voyez, voyez dans les flammes, mes amis !... (Des images apparaissent dans les flammes) Voyez ce dont est capable le sergent José. Il tue de sang froid tous les indiens de la forêt qui se présentent sur son passage et viole leur femme... puis il leur vole leur or… Il est sans pitié !  
 
ERPUR 
Dans ce cas, je vais aller à sa rencontre et lui planterai moi-même une flèche en plein cœur. (Il se saisit de l’arc et des flèches) 
 
DOS SANTOS, le retient par le bras 
N’y allez pas, Erpur, vous allez vous faire tuer. Ne faites pas l’idiot !  
Cet homme est extrêmement dangereux. Levons plutôt le camp ! 
 
ERPUR 
M’enfuir, jamais ! Plutôt mourir ! Moi, Erpur, chef des Cenosami, j’ai décidé le jour de la naissance de mon fils de mettre fin à la vie de cette crapule de sergent.  
 
 
DOS SANTOS, le retient toujours par le bras 
Vous n’en ferez rien.  
 
TERDESOM, toujours en transe 
Le sergent se rapproche de plus en plus… je sens son souffle... j’entends venir ses pas… 
 
ERPUR 
Je ne le laisserai pas massacrer le reste de la tribu, Docteur, je dois le tuer.  
 
FLAMARDENTE, sort de la case, suivie d’Ocler 
Ne nous laisse pas seuls avec nos enfants, Erpur. Ne t’en vas pas ! 
 
Elle porte un bébé dans ses bras 
 
 
OCLER, accompagnée de deux enfants 
Protège-nous ! 
Elle porte également un bébé dans ses bras 
 
Erberar le petit garçon et Ovenlégé la petite fille accompagnent les deux femmes. Tous deux sont âgés respectivement de 5 et 3 ans et se tiennent côte à côte. Le garçon tient dans une main un petit pot de fleur dans lequel est planté un minuscule séquoia. 
 
TERDESOM, rentre dans les flammes et fait des incantations 
Esprit de la forêt ! Esprit de la forêt ! Je t’ordonne de protéger nos femmes et nos enfants. Donne-leur la force de s’enfuir. Guide-les vers le fleuve amazone afin qu’ils survivent en paix ! 
 
ERBERAR, s’approche de Terdesom 
Regarde, sorcier, le docteur nous a offert ce séquoia miniaturisé.  
 
OVENLEGE, se rapproche du feu 
Il a dit que nous pouvons le planter où nous voulons et qu’il atteindrait dans quelques années une taille gigantesque.  
 
TERDESOM 
Ne vous approchez pas du feu, les enfants !  
Soudain, un coup de feu retentit. Une balle vient atteint Terdesom en plein cœur. Le corps de ce dernier gît sur le sol. Après quoi un épais nuage recouvre le lieu… 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
---------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS /ERBERAR /VENLEGE / EMELAVI / OMELIBRE / ROBERTO / MISS MARYL /  
BENOÎT PICARDI Aérostier Suisse aux commandes de sa montgolfière : La Renaissance 
 
L’épais nuage recouvre toujours la scène, au centre de laquelle se dresse un gigantesque séquoia, et contre lequel s’est échoué un voilier. Il y a là aussi une petite rivière asséchée. Des barrières de sécurité d’autoroute sont placées à chaque extrémité du lieu. Non loin de là passe la transamazonienne. Le Comte, placé sur une branche de l’arbre, contemple l’horizon, une canne en main. Il regarde sa montre de temps à autre. Il porte un peignoir beige.  
Quelques années plus tard… 
 
LE COMTE 
Huit heures à ma montre. Ca y est ! S’en est fini avec cet horrible tintamarre autoroutier ! Ce soir, les automobilistes ont respecté le protocole. (Puis il s’adresse au public) Mesdames et Messieurs, bonsoir ! L’histoire que je m’en vais vous conter à présent se déroule au cœur de l’ancienne forêt amazonienne. Le bruit infernal que vous venez d’entendre provenait du moteur des véhicules empruntant chaque jour l’immense autoroute Transamazonienne à cinq voies qui, tel une toile d’araignée, enlace le village des indiens Cenosami. Comme tous les soirs à la même heure, un épais nuage gris, résultat de la pollution des gaz d’échappement accumulé tout au long de la journée, enveloppe le campement des Cenosami, poussant ces derniers à se retrancher au fond de l’arbre. Jusqu’à l’aube, des millions d’automobilistes n’emprunteront plus ce tronçon d’autoroute. En effet, un accord a été signé il y a peu entre le gouvernement brésilien et l’Organisation Mondiale Pour la Défense des Hommes Libres et de la Nature stipulant l’arrêt total de la circulation aux abords du village indien entre 8 heures du soir et 6 heures du matin. Bien sûr, une petite déviation a été prévue à deux cent mètres d’ici pour ne point réfréner la cadence infernale des automobilistes. (Le Comte se parle à lui-même) 
Ah ! Je crois bien que c’est l’heure !?... le nuage toxique se dissipe. Eh bien, tant mieux ! Nous allons pouvoir respirer à nouveau l’air pure ! Et puis, je commence à en avoir assez de devoir me nicher sur cet arbre à longueur de journée. Il est grand temps pour moi de me dégourdir les guiboles !  
 
 
 
OMELIBRE, sort de l’arbre en chantant 
Voici venue l’heure du couvre-feu, les amis, 
Sortons de notre cache, libérons nos esprits ! 
Enfin, revoilà le temps de la liberté ! 
Prenons, prenons tous ensemble le temps de vivre ! 
 
Il porte des dreadlocks et tient une guitare à la main.  
 
EMELAVI, sort à son tour 
Voici venu le temps d’aimer ! 
 
OMELIBRE  
La pollution s’en va peu à peu, les amis, 
Et le vacarme incessant des voitures aussi ! 
Nous allons pouvoir à nouveau respirer. 
Voici venu le temps pour nous de penser ! 
 
EMELAVI 
Voici venu le temps d’aimer ! 
 
OMELIBRE 
Le cœur des hommes va s’ouvrir, cette nuit, 
L’âme bienfaiteur de la forêt va rejaillir ! 
 
EMELAVI 
La paix est enfin retrouvée ! 
 
OVENLEGE, sort de l’arbre 
A la nuit ancestrale, le peuple Cenosami en appel ! 
Que les hommes et les femmes se donnent à nouveau la main ! 
 
ERBERAR, arrive par la route, passe au dessus de la barrière et chante sur un mode rap 
Conquistadores, pourquoi leur interdis-tu le jour ? 
Pourquoi as-tu rayé de la carte notre beau pays, 
Anéanti nos rivières, notre fleuve et notre forêt, 
Infesté nos eaux de pétrole et de mercure ? 
Est-ce agir au nom de la croix et de l’amour ? 
Quand vas-tu cesser de t’acharner sur nos vies ? 
Pourquoi sèmes-tu le doute au sein du peuple aimé ? 
Au fond de notre âme s’inscrit une profonde blessure. 
 
Il porte un masque à gaz sur le visage 
 
LE COMTE, se déhanche sur l’arbre, canne en main 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
 
ERBERAR 
Tu as décimé nos arbres, nos serpents, nos oiseaux… 
Tu as empoisonné notre terre et violé nos mères, 
Fait de mes pères et frères des alcoolos, des esclaves. 
Dans ce monde, seuls l’or et les diamants t’intéressent. 
 
LE COMTE, se déhanche toujours 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
 
 
 
ERBERAR, porte un masque à gaz sur le visage 
Tu as mis mes sœurs sur le trottoir et fais le beau, 
Tu as criblé de balles la poitrine des ancêtres ; 
Certains ont vu sous le soleil exposé leur peau, 
Dans les vitrines des musées ont atterri leur tête. 
 
LE COMTE, se déhanche toujours sur l’arbre 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
 
Soudain une montgolfière surgit du ciel avec à son bord, Roberto, Miss Maryl et Benoît Picardi. 
 
BENOÎT PICARDI, à bord de la nacelle 
Attention, messieurs dames, la Renaissance va se poser ! Ecartez-vous du passage ! 
La montgolfière se pose en catastrophe 
 
OMELIBRE, rentre rapidement dans l’arbre 
avec Emelavi, Ovenlégé et Erberar 
Sauve qui peut, les conquistadores nous attaquent par la voie du ciel ! 
 
 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
-------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS / ROBERTO /  
MISS MARYL / BENOÎT PICARDI / OCLER 
 
BENOÎT PICARDI, sort de la nacelle 
Attendez, ne partez pas ! Mes amis et moi n’avons nullement l’intention de vous faire du mal. Nous souhaitons juste recevoir l’hospitalité pour quelques heures, le temps pour nous de reprendre notre course au gré du vent. Où allez-vous ? Revenez !  
 
ROBERTO, sort à son tour de la nacelle 
Les pauvres ! Je crois bien que votre engin volant les a effrayé. En voilà une drôle d’idée que d’atterrir en catastrophe !  
 
BENOÎT PICARDI 
Ce que j’aime être acclamé en héros lorsque je me pose sur une terre inconnue.  
 
ROBERTO 
Hélas, je crains que ce ne sera pas pour cette fois-ci, Benoît.  
 
BENOÎT PICARDI 
Ne sommes-nous pas des hôtes de marque ? 
 
MISS MARYL 
Pas dans ce trou perdu, en tous cas. Ce sera pour une fois prochaine… qui sait ?... lorsque vous atterrirez à Las Végas. 
 
BENOÎT PICARDI 
Ne vous moquez pas de moi, Miss Maryl. 
 
ROBERTO, tape sur l’épaule de Benoît 
Il va falloir changer la règle du jeu, mon pote. Eh bien oui !... Ce serait beaucoup mieux de se poser sur le sol étranger en douceur, tout en volupté. 
 
BENOÎT PICARDI 
Nous ne sommes pas à bord d’une croisière de luxe que je sache. Au gré du vent  est une course dans les airs pleine de rebondissements, d’action, de suspens… le danger et l’imprévu doivent se côtoyer en permanence.  
 
LE COMTE, assis sur la branche de l’arbre 
En quête d’aventures tumultueuses « par delà et là pour », vous devez vous surpasser afin d’atteindre l’inaccessible étoile.  
 
BENOÎT PICARDI 
Parfaitement !  
 
LE COMTE 
Pour le meilleur et pour le pire. Amen ! 
 
ROBERTO et MISS MARYL, reconnaissent le Comte 
Christophe-Rodolphe-David-Miguel-Charles-Henri-René-Christian-Bernard-Ange de la Bouche-En-Biais… 
 
LE COMTE, descend de l’arbre 
Comte de Maison-Du-Bois Doré ! Lui-même ! Comment allez-vous, les tourtereaux ? Je vois que vous avez fait un parcours sans faute en prononçant tout mes patronymes. 
 
ROBERTO, lui fait des courbettes 
Comment pourrait-on vous oublier, Majesté ? Vous êtes notre rayon de lumière, notre joie de vivre. Il lui saute au cou et l’embrasse 
 
MISS MARYL, lui fait des courbettes 
Vous êtes la perle des perles, l’icône incontestée de la forêt d’émeraude ! Quelle joie de vous retrouver mon christounet adoré ! 
 
Elle lui saute au cou 
 
LE COMTE 
Eh bien, pas moi.  
 
ROBERTO et MISS MARYL, ensemble 
Vous êtes le phénix de ces bois !  
 
LE COMTE 
C’est quoi toutes ces conneries, enfin ? (Il les repousse) Je vous trouve vraiment collant depuis notre dernière aventure en Chine. Bon, ça suffit ! Lâchez-moi la grappe, à présent ! De l’air ! De l’air ! 
 
 
BENOÎT PICARDI, à lui-même 
Mais que peut bien faire ce zèbre en pleine jungle amazonienne ? 
 
LE COMTE, lui tire l’oreille 
Zèbre toi-même, pauvre idiot !  
 
BENOÎT PICARDI 
Dites-moi que c’est un mirage, mes amis... que je rêve. 
 
LE COMTE 
Voyez-vous, mon vieux, je vaque où bon me semble, au gré de ma fantaisie, n’est-ce pas ? Et n’en déplaise à quiconque ! Tel un marin d’eau douce en quête de sensations fortes, je vogue en solitaire sur les sunlights des tropiques en compagnie de la Belle Hirondelle, mon si beau voilier que j’aime avec lequel je file aux quatre vents. (Il désigne le voilier avec sa canne 
 
BENOÎT PICARDI 
Sa Majesté est très en verve, ce soir. 
 
LE COMTE 
Et pour cause, je suis devenu un homme libre ! 
 
BENOÎT PICARDI 
Et pourtant, l’homme nouveau que vous êtes ne semble plus du tout s’inquiéter de son apparence physique.  
 
LE COMTE 
Je vous demande pardon ? 
 
BENOÎT PICARDI 
Je vois que monsieur le Comte a finalement conservé les mêmes oripeaux. Si ce n’est pas gênant pour la vue, c’est pour l’odeur. 
 
Il désigne du doigt le peignoir 
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
Oripeaux, dites-vous ! Figurez-vous, mon cher, qu’il s’agit-là d’une pièce de collection rarissime achetée à prix d’or lors d’une vente aux enchères à Memphis Tennessee, ayant appartenue au « King » ! Certes, il est vrai que j’ai un mal fou à m’en séparer, mais que voulez-vous, à l’idée de savoir que le « King » a sué de toutes ses entrailles sous ce peignoir, cela me donne du peps  pour affronter la vie et les combats de chaque jour !  
 
OCLER, sort de l’arbre, un fusil à la main 
Foutez le camp d’ici, conquistadores de malheur ! Cette terre appartient à mon peuple ! (Elle tire un coup de feu en l’air) 
 
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
-------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
LE COMTE / ROBERTO / OCLER / MISS MARYL / FLAMARDENTE / BENOÎT PICARDI 
 
LE COMTE, grimpe sur son voilier 
Gare à vous, mes amis, la femme bossue est givrée ! Je vous préviens, elle est sans pitié; en moins de deux elle va vous expédier.  
 
OCLER, tient en joug Miss Maryl et Roberto blottis l’un contre l’autre.  
Retournez chez vous, fichez-nous la paix ! Ou bien je vous éclate la tête, gens de peu de foi ! 
 
BENOÎT PICARDI 
Puis-je me présenter, madame ? Je suis… 
 
OCLER, tire un coup de feu en l’air 
Tu oses venir ici pour me provoquer, espèce de malpropre.  
 
LE COMTE, se tenant au mât du voilier 
Surtout, ne l’énervez pas, elle a la gâchette facile. Partez, mes amis, partez tant qu’il est temps ! 
 
OCLER 
L’heure de la vengeance a sonné, Conquistadores, je vais vous exploser la cervelle. 
 
FLAMARDENTE, sort de l’arbre 
Veux-tu bien te calmer, Ocler, ce ne sont là que des voyageurs. Ils n’ont pas l’intention de s’attaquer à nous. (Elle s’approche de Ocler)  
Maintenant, tu vas gentiment me donner ton fusil… 
 
OCLER 
Ce sont eux, Flamardente, qui ont abattu Terdesom, mon époux. Je les reconnais. 
 
FLAMARDENTE 
Ta vue te trompe, elle te fait défaut. Ce sont là des citoyens de la terre, ma chérie. Nous n’avons rien à craindre, ils sont venus chez nous en  
ami. Ils réclament seulement le gîte et le couvert. 
 
BENOÎT PICARDI 
Enfin ! Voilà une femme qui me comprend.  
 
OCLER 
A genoux, homme blanc ! Fais le signe de la croix et prie ton Dieu Tout Puissant pour qu’il te vienne en aide !  
 
BENOÎT PICARDI, s’agenouille 
C’est quoi encore cette histoire de fou ? Par pitié, faites quelque chose, mes amis ! 
 
ROBERTO 
Le danger et l’imprévu doivent se côtoyer en permanence, n’est-ce pas, mon cher Benoît ?  
 
BENOÎT PICARDI 
Ce n’est pas le moment de blaguer. Vous voyez bien que je suis dans la vase jusqu’au cou. 
 
MISS MARYL 
Un peu d’humour  détendra l’atmosphère. 
 
OCLER, menaçant Benoît 
Qu’attends-tu pour prier, conquistador ? 
 
BENOÎT PICARDI 
Sauvez-moi la vie, monsieur le Comte ! 
 
LE COMTE, désigne son peignoir 
Hélas, je ne le puis. Car, comme vous le savez bien, je porte un attachement particulier à mon peignoir. Et connaissant la femme bossue, celle-ci risquerait fort de me le trouer.  
 
FLAMARDENTE 
Tu n’as rien à craindre, Ocler, fais-moi confiance… tout va s’arranger… je prendrai soin de toi dorénavant. Allez, donne-moi ton fusil. 
 
OCLER 
Cesse de me prendre pour une demeurée, Flamardente. Tu sais tout comme moi qu’autrefois ces hommes blancs ont tués.  
 
ROBERTO 
Alors, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? Non pas que je m’ennuie... c'est-à-dire que je que je commence à avoir un petit creux à l’estomac. J’ai une faim de loup ! Et je n’ai pas l’intention de poireauter ici toute la nuit. On mange quoi, ce soir, si ce n’est pas indiscret ? 
 
BENOÎT PICARDI 
C’est vrai, quoi ! Qu’on en finisse une fois pour toute ! La mort n’attend pas !  
 
MISS MARYL 
Votre humour aussi va drôlement nous manquer, Benoît. 
 
BENOÎT PICARDI 
C’est très touchant, Maryl ! D’ailleurs, je compte sur vous pour déposer une gerbe de fleurs sur ma tombe tous les ans à la même époque.  
 
MISS MARYL 
Ce sera difficile. Voyez-vous… même l’herbe ne pousse plus par ici. 
 
ROBERTO 
Dans ce cas, je suggère les chrysanthèmes en plastique.  
 
OCLER 
Taisez-vous, criminels ! Justice sera rendue à Erpur !  
 
FLAMARDENTE, s’approche de Ocler 
Je sais que ta peine est profonde, Ocler. Auprès de moi tu trouveras une oreille attentive. Viens dans mes bras, confie-moi tes problèmes. 
 
OCLER 
Je te préviens, un pas de plus… 
 
FLAMARDENTE 
Tu oublies ce qu’a dit le docteur, hier matin; tu dois rester alité plusieurs jours et te soumettre à son traitement jusqu’à son retour.  
 
OCLER 
Je n’en veux plus des antidépresseurs du docteur Dos Santos !  
 
FLAMARDENTE 
Calme-toi, Ocler ! Pas de problème ! Si tel est ton désir, tu ne prendras plus de médicaments. Allez, retourne gentiment te coucher. 
 
OCLER 
Tout d’abord, je m’occupe de l’homme blanc. Je l’ai reconnu, c’est lui qui a tué mon époux. Il doit en payer le prix.  
 
FLAMARDENTE 
Tu as raison, c’est bien lui. Tu veux bien que je l’abatte à ta place ? 
 
ROBERTO, applaudit 
Excellente idée ! 
 
BENOÎT PICARDI 
On rigole beaucoup, ce soir ! Vous ne trouvez pas mes amis ? 
 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
-------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS / ROBERTO / OCLER / MISS MARYL / FLAMARDENTE / BENOÎT PICARDI / ERPUR 
 
ROBERTO, veut se saisir du fusil 
Vous permettez que j’appuie sur la gâchette à votre place, madame. 
 
LE COMTE, descend du voilier et se saisit du fusil 
Laissez-moi faire, Roberto, je m’en charge !  
 
BENOÎT PICARDI 
Puis-je émettre un dernier vœu, monsieur le Comte ? 
 
LE COMTE, pointe l’arme sur Benoît 
Mais alors, vite fait, je suis très pressé ! Je vous écoute.  
 
BENOÎT PICARDI 
Voilà… je souhaiterais que vous me logiez la balle entre les deux yeux. J’ai entendu dire quelque part que cela portait chance pour le mort. 
 
LE COMTE 
Ce que vous me demandez là n’est pas simple du tout, mon cher Benoît. Eh bien, oui, quoi !... Et si jamais je venais à louper ma cible ? Cela pourrait me porter malchance !  
 
BENOÎT PICARDI 
Vous manquez de confiance en vous à ce point là ? 
 
LE COMTE 
Vous m’insultez ? 
 
ROBERTO 
A moins qu’il ne sache pas du tout se servir d’un fusil. 
 
LE COMTE 
Je suis capable d’abattre une fourmi à cent mètres. 
 
ROBERTO 
Je demande à voir cela. 
 
BENOÎT PICARDI 
Moi aussi !  
 
LE COMTE 
Vous me prenez pour un gland ou quoi ? Bien sûr que j’en suis capable ! Allez-y ! Dénichez-moi une fourmi. Vous verrez bien. 
 
MISS MARYL 
Qu’on appelle Dame Fourmi ! (Un temps) Eh bien, Dame Fourmi, qu’attendez-vous pour vous montrer ? C’est que le Comte Christophe-Rodolphe et j’en passe s’impatiente. 
 
LE COMTE 
Il semblerait qu’elle se dégonfle. 
 
ROBERTO 
Mais oui, mais oui, elle se dégonfle ! 
 
LE COMTE, pointe le fusil sur Roberto 
Vous ne me croyez pas, c’est ça ? 
 
ROBERTO, repousse le fusil avec l’index 
Vous allez gentiment reposer cette arme, monsieur le Comte, il ne s’agirait pas de faire des dégâts, comprenez-vous ? 
 
MISS MARYL 
Nous allons passer gentiment à table, monsieur le Comte… après quoi vous irez sagement vous coucher… 
 
LE COMTE, pointe le fusil dans sa direction 
Mais que racontez-vous ? Je ne suis pas malade ! 
 
BENOÎT PICARDI 
Vous ne devriez pas faire joujou avec ce fusil, mon Christounet.  
 
ROBERTO 
Vous allez me donner gentiment votre arme, Comte. 
 
MISS MARYL 
Maintenant, vous allez sagement aller faire dodo. C’est d’accord, mon petit ? 
 
LE COMTE 
Je ne suis pas débile, enfin ! Qu’est-ce qui vous prend de… ? 
 
OCLER, se saisit du fusil et bouscule le Comte 
Pousse-toi, Gringo ! Laisse-moi faire ! 
 
ROBERTO 
Nous prierons pour vous, Benoît. 
 
BENOÎT PICARDI 
N’oubliez pas les chrysanthèmes ! 
 
MISS MARYL, secoue un mouchoir 
Adieu, Benoît !  
 
BENOÎT PICARDI, secoue également un mouchoir  
Pensez à récupérer la montgolfière en partant. 
 
ROBERTO, secoue aussi un mouchoir 
Comptez sur nous, mon ami.  
 
OCLER 
Puisses-tu être vengé, Terdesom, mon tendre époux ! (Elle pointe son arme sur Benoît) Adieu, conquistador de malheur !  
 
BENOÎT PICARDI, fait le signe de la croix 
Ô Seigneur, prends pitié de ma longue misère ! 
 
 
ERPUR, sort de l’arbre, tenant une sarbacane à la main et grimpe sur une branche rapidement. Benoît est toujours agenouillé menacé par  
Ocler 
Ocler ! Ocler !  
 
OCLER 
C’est toi, Terdesom ? 
 
ERPUR 
Le docteur Dos Santos t’avait dit de rester au lit, ma chérie. 
 
OCLER 
Pas question d’y retourner ! Les fourmis et les verres l’ont envahis dans la nuit. Je ne tiens pas à me faire bouffer tout cru. 
 
ERPUR, pointe sa sarbacane en direction de Erpur 
Navré, mais je dois employer les grands moyens. 
Il souffle dans sa sarbacaneOcler reçoit une fléchette dans le cou et tombe raide 
Qu’as-tu fait là ! (Elle tombe) 
 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
-------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 5 
 
ERPUR / LE COMTE / ROBERTO / MISS MARYL / FLAMARDENTE / OCLER / BENOÎT PICARDI 
 
ERPUR, descend de l’arbre 
Voilà qui devrait la calmer pour un bon moment. Bonsoir ! 
 
FLAMARDENTE, lui plonge dans les bras 
Bravo, Erpur ! Une fois de plus, tu as sauvé un homme blanc. Tu n’as pas trop chargé la fléchette, au moins ? 
 
ERPUR 
J’ai respecté la dose prescrite par le Docteur Dos Santos. 
 
LE COMTE 
Comme toujours, monsieur intervient au dernier moment.  
 
ERPUR 
J’interviens quand bon me semble, monsieur le Comte et j’en passe. C’est moi le chef, ici, n’est-ce pas ?  
 
LE COMTE 
Vous feriez bien de lui mettre la camisole de force à cette vieille folle. Un jour, elle tuera quelqu’un. Et c’est vous qui en prendrez toute la responsabilité. 
 
ERPUR 
Ce n’est pas à vous de décider du sort de mes sujets. Mêlez-vous de vos histoires ! Ici, vous êtes sur la terre des Cénosami. 
 
LE COMTE 
Vous savez bien que ce sont les conquistadores qui décident à votre place.  
 
ERPUR 
J’en prends note. Et maintenant, vous savez ce qu’il vous reste à faire. 
 
LE COMTE 
Bien sûr ! Je vais profiter de la soirée pour fêter mes retrouvailles avec mes amis. 
 
ERPUR 
Vous êtes en quarantaine, ne l’oubliez pas.  
 
LE COMTE 
Ne pourrions-nous pas faire une exception, ce soir ? 
 
ERPUR 
Retournez dans votre voilier !  
 
LE COMTE 
Laissez-moi au moins vous présenter mes amis. 
 
ERPUR 
Partez ! Je ne veux plus vous voir.  
 
LE COMTE 
Je me plaindrai auprès des autorités brésiliennes, monsieur. Sur ce, bonsoir tout le monde ! (Il grimpe sur son voilier) 
 
MISS MARYL 
Que se passe-t-il, exactement ? 
 
FLAMARDENTE 
Erpur ne souhaite plus la présence du Comte sur ces terres pendant le couvre-feu, ce dernier a été mis en quarantaine. 
 
ROBERTO 
Ah oui ! Et pourquoi cela ? 
 
ERPUR 
L’autre jour, il a tué Bras Long, alors qu’il nous rendait visite. 
 
MISS MARYL 
Qui est « Bras long » ? 
 
LE COMTE, sur le voilier 
Cette sale bête voulait me dévorer, alors je me suis défendu ! 
 
ERPUR 
Je ne veux plus rien savoir, Comte. Allez vous coucher ! (A lui-même) Vivement que le gringo s’en aille d’ici avec son voilier ! 
 
LE COMTE 
A la prochaine averse si tout va bien ! 
 
ERPUR 
Ce n’est pas demain la veille !  
 
LE COMTE 
Ce n’est pas ce que dit monsieur météo sur Internet qui annonce des pluies diluviennes pour la semaine. Mon voilier voguera à nouveau ! 
 
ERPUR 
Quoiqu’il en soit, je trouverai bien un moyen pour vous faire partir d’ici. Je démonterai votre voilier pièce par pièce s’il le faut. 
 
LE COMTE 
Je vous préviens… vous touchez un seul cheveu à La Belle Hirondelle… 
 
ERPUR 
C’est ce qu’on verra. Maintenant, allez vous coucher ! 
 
LE COMTE 
Bonne nuit, tout le monde ! 
 
BENOÎT PICARDI, s’agenouille devant Erpur 
Vous m’avez sauvé la vie, grand chef ! Demandez-moi tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Il baise les mains de Erpur 
 
ERPUR, le repousse 
Toi aussi, ferme-la ! (Il soulève le corps d’Ocler et s’adresse à Flamardente) Quant à toi, femme, sers la tequila à nos amis pendant  
que je transporte Ocler dans sa chambre.  
 
FLAMARDENTE 
Il n’y en a plus. 
 
ERPUR 
Tu l’as encore planquée. Tu veux que je me fâche, c’est ça. 
 
FLAMARDENTE 
Tu m’avais promis de ne plus jamais boire, Erpur. 
Erpur s’apprête à rentrer dans l’arbre avec le corps d’Ocler 
 
BENOÎT PICARDI, retient Erpur par le bras 
Exaucez un souhait, grand chef, et il se réalisera !  
 
ERPUR, le repousse 
Je souhaiterai que tu ailles te coucher dans ta nacelle immédiatement.  
 
BENOÎT PICARDI 
Ce sera tout ? (Erpur emporte le corps d’Ocler dans l’arbre et ne dit mot.) Bon, ben… bonne nuit, mes amis ! (Il rentre dans la nacelle) 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
------------- 
 
EPILOGUE 
 
ROBERTO / MISS MARYL / FLAMARDENTE / OMELIBRE / 
EMELAVI / ERBERAR / OVENLEGE / DOS SANTOS /  
LA VOIX DU COMTE 
 
 
La nuit est tombée… 
 
 
ROBERTO, s’adresse à Feuargenté 
Je ne comprends pas ?... Comment le Comte a-t-il pu échouer ici avec la Belle Hirondelle ?  
 
FLAMARDENTE 
Il y a deux mois, ce dernier naviguait tranquillement sur le fleuve Amazone en solitaire. Un soir, il amarra la corde du voilier après l’une des branches de notre magnifique séquoia.  
 
LA VOIX DU COMTE 
J’aurai mieux fait de me pendre !  
 
ROBERTO 
Vous voulez dire que l’Amazone circulait sur cette terre aride il y a deux mois ?  
 
 
FLAMARDENTE 
Le fleuve nous rend visite deux fois par an.  
 
LA VOIX DU COMTE 
Et comme par hasard, il a fallu que je me trouve dans les parages durant la décrue. Bon sang ! Quel idiot !  
 
ROBERTO 
C’est quoi cette histoire de décrue, Flamardente ? 
 
ERBERAR, sort de l’arbre et s’exprime en mode rap 
Autrefois fut construit en amont un barrage, 
Interdiction pour le fleuve Amazone de couler. 
 
EMELAVI, sort de l’arbre à son tour 
Le sergent José fut nommé contremaître de l’ouvrage. 
 
ERBERAR, poursuit 
Des millions de séquoia furent instantanément brûlés. L’autoroute fut mise en chantier aussitôt après le carnage. 
 
EMELAVI 
Le sergent José s’est donné pour mission de nous chasser. 
 
LA VOIX DU COMTE 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
 
OMELIBRE 
Dans l’arbre se sont réfugiés les survivants du naufrage. Pas question pour les Cenosami de capituler. 
 
OVENLEGE 
Le sergent José a fini par se mettre en rage. 
 
OMELIBRE 
Ni la pollution ni les armes ne pourront nous intimider. Notre peuple conserve à jamais son courage. 
 
OVENLEGE 
Le sergent José laisse deux fois par an le fleuve s’échapper. 
 
LA VOIX DU COMTE 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
 
ERBERAR 
L’inondation ne pourra jamais noyer la racine de l’arbre 
L’esprit de l’ancienne forêt veille sur ses protégés. 
 
EMELAVI 
Le sergent José a fait de notre vie un cauchemar. 
 
ERBERAR 
Il manigance dans sa tête quelque chose d’insensée, 
Il ne souhaite qu’une seule chose, notre départ. 
 
ERBERAR, EMALAVI, OVENLEGE 
Le sergent José, cette nuit, va se prendre une raclée. 
 
LA VOIX DU COMTE 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
Crache ton venin, Man, crache ton venin ! 
 
ERPUR, sort de l’arbre une bouteille de tequila dans  
une main et dans l’autre des coupes de Champagne 
Eh bien, puisque ma femme ne veut pas se charger du service, je m’en chargerai moi-même. Déguerpissez d’ici, les enfants ! Et que ça saute ! Ce soir, la veillée, c’est entre adulte que ça se passe !  
 
(Erberar, Omelibre et Emelavi rentrent dans l’arbre) 
 
FLAMARDENTE 
Je te trouve bien ingrat avec eux, mon époux, après tout l’aide qu’il t’apporte. 
 
ERPUR 
Mêle-toi de ce qui te regarde, femme, sinon toi aussi tu finiras au fond de l’arbre rongé par les vers. (Il tend une coupe à Miss Maryl et Roberto) Hélas, mes amis, je n’ai pas de Champagne à vous proposer… mais j’ai les coupes ! Vous allez voir ce que vous allez voir, elle est excellente ma tequila. Navré, mais il ne restait qu’un fond de bouteille qu’il va falloir se partager. (Il sert une goutte de tequila dans chaque verre) Va voir s’il y a d’autres bouteilles, Flamardente !  
 
FLAMARDENTE, les bras croisés 
Vas-y toi-même !  
 
ERPUR 
Tu fais la maligne parce qu’il y a du monde, c’est ça ? Tu ne perds rien pour attendre. Et d’ailleurs, puisque c’est comme ça, on va y aller ensemble. Suis-moi ! (Il la prend par le bras et l’entraîne vers l’arbre, puis ils rentrent à l’intérieur tous deux)  
 
DOS SANTOS, arrive en bicyclette, une grosse croix autour du cou 
Venez jouer, venez gagner ! Qui n'a pas gagné va gagner ! Tentez votre chance à la Loterie Nationale ! Grattez le numéro de la chance ! Achetez vos tickets ! (Un silence) Eh bien, où est passée notre bande d'affamés ? (Il porte un chapeau et un sac en bandoulière. Deux sacoches sont accrochés sur le porte bagage) Je parie qu'ils font encore la sieste, ces fainéants ! (Il aperçoit Roberto et Miss Maryl) Tiens ! Tiens ! D'où peuvent bien sortir ces étrangers ? (Il leur adresse la parole) Ne me dites pas que vous vous êtes perdus dans ce désert  
rouge, au beau milieu de la Transamazonienne, messieurs dames ? 
 
MISS MARYL 
Notre montgolfière s'est écrasée. Nous attendons la bouteille d'hélium pour redécoller. 
 
DOS SANTOS 
Voilà bien longtemps que je n'avais eu affaire à une femme blanche. C'est dieu qui me l'envoie. Merci Seigneur ! (Il fait le signe de la croix) A qui ai-je l'honneur ? 
 
MISS MARYL 
Je suis Miss Maryl. (Elle désigne Roberto) Et voici Roberto, mon fidèle compagnon de voyage. 
 
DOS SANTOS, leur sert la main 
Enchanté ! Je suis le docteur Dos Santos. Vous devez sûrement vous demander ce que je fais là dans ce mini favelas apocalyptique ? Eh bien, c'est très simple, depuis plusieurs décennies, je suis au service de la Mission Evangélique : « Assistance Aux Derniers Indiens Egarés d'Amazonie ». Mon rôle consiste à procurer des soins, à nourrir et à assister les sauvages du désert rouge afin qu'ils subsistent. Mon acte est charitable et humaniste. Pour combien de temps encore, je l'ignore ? Tout dépendra de la nouvelle décision que prendra le sergent José. (Il fait le signe de la croix) Dieu protège le peuple Cenosami ! 
 
MISS MARYL 
La devise naturelle de l'indien n'est-elle pas : « Ce que je veux, quand je veux, où je veux » ? 
 
DOS SANTOS 
Tout ça, c'est de l'histoire ancienne, mademoiselle. (Il ricane) Aujourd'hui, ces gens ne représentent plus qu'une poignée de parasites assistés par l'état brésilien. Ces malheureux traînent avec eux des maladies en tout genre telle que la lèpre et sont atteints notamment du « Syndrome Mercurien », c'est vous dire. Il n'y a plus aucun espoir pour eux. Autrefois, les Chacinadores les abattaient à la mitraillette. Aujourd'hui, on les protège, on leur donne les mêmes droits que les autres citoyens d’Amérique. Seulement, attention, tout ceci est à double tranchant. Je m'explique : dans ce pays, être citoyen sous-entend être pleinement actif. Depuis quelques années il est question de jeunisme dans notre belle société. Alors, plus question de s'embarrasser avec tous les misérables de cette terre, les handicapés, les vieux croulants et autres parasites nuisibles qui réfrènent l'évolution du marché. « Time is a money ! » (Il ricane) C’est pourquoi, une nouvelle loi a été mise en vigueur par le nouveau gouvernement qui prévoie que si vous ne correspondez pas aux critères de beauté et de santé imposées par le mercantilisme à la sauce juvénile, vous êtes bon pour l'euthanasie. Alors, pour ce qui est des Cenosamis, ne m’en parlez pas, ils sont mal barrés, les pauvres diables ! Les bons à rien n'ont pas leur place dans notre société, celle-ci a besoin d'hommes solides pour avancer. Je suis formel, c'est la loi du marché qui l'exige. La compétition est rude de nos jours. « Si vous ne faites pas parti de la solution, vous faites parti du problème ! » (Il ricane)  Mes réponses sont-elles suffisamment claires ? 
 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
FIN DU 66-ième EPISODE 
 
Affaire à suivre dans le 67-ième épisode intitulé :« NATURAL SCEPTIC » 
 
 
 
 
CLIQUEZ SUR LE LIEN POUR ENTRER DANS LE WEB SITE DE L'AUTEUR : EMILIEN CASALI 

(c) emilien casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 6.09.2021
- Déjà 3696 visites sur ce site!