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Les Aventures Fantastiques de Roberto 
 
 
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RENDEZ-VOUS - LA MISSION SECRETE

 
 
 
 
EPISODE 3 : « RENDEZ-VOUS AVEC LA PLEINE LUNE » (1996) 
Première partie de la pièce du même titre « Rendez-vous avec la Pleine Lune » (8 à 13 personnages) 
 
 
Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO  
 
Dans : 
 
*Rendez-vous avec la Pleine Lune* 
 
(Troisième épisode) 
 
Personnages Contemporains : 
 
ROBERTO 
MAMOUZELLE (Tenancière de l'Auberge de la Licorne) 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS 
MADEMOISELLE CATHERINE (Députée Régionale) 
AUGUSTIN (Mari de Mamouzelle) 
LUCIE DE MODESTIE (Fiancée du Comte) 
SYLVESTRE (Le Facteur) 
 
Personnages Moyenâgeux voir Renaissance : 
FLEURETTE (La Sorcière) 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE 
EMILIO LE BALADIN 
FRERE DAVID 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
MICKAËL (Le Troubadour) 
 
Lieu : « Auberge de la Licorne »  
(Ancien Relais Postal situé dans le Midi de la France) 
 
A l’écart du village de Maison-Du-Bois Doré 
 
Auteur : Emilien CASALI 
Genre : Comédie Fantastique 
 
PROTECTION SACD  
http://emiliencasali.populus.ch/ 
Contact : Emilien CASALI : e-mail casali.emilien@wanadoo.fr 
 
 
 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) 
 
 
Cliquez sur le lien pour découvrir également la pièce dans sa version intégrale avec des photos de la représentation du spectacle qui eut lieu en décembre 1998 dans un théâtre de Montpellier, pièce mise en scène par l'auteur Emilien Casali (Spectacle filmé) 
 
 
 
 
 
 
PROLOGUE 
 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE,  
AUGUSTIN, MAMOUZELLE. 
 
Auberge de la Licorne. Nous sommes au début de l’automne. La pièce est à peine éclairée. En soirée… 
 
LE CHEVALIER, fait brusquement son apparition poussant un ricanement 
Ah, ah, ah, ah, ah !!! Ah, ah, ah, ah, ah !!! (Il se dirige lentement vers le bar, se place derrière et s'immobilise lorsque Augustin, le Maître des lieux, surgit, bougie en main)  
 
AUGUSTIN, sort de la chambre 
Il y a quelqu'un ? Il y a quelqu'un ?  
Le Chevalier, toujours placé derrière le bar, souffle sur la bougie et l'éteint 
 
AUGUSTIN, toujours 
Bon sang ! ma bougie s'est éteinte. Maudit courant d'air ! (Il se dirige vers la cuisine) Il doit y avoir des allumettes à la cuisine ? (Le Chevalier lui fait un croc-en-jambe) Bon sang ! Qui donc laisse traîner des objets par terre ? (Le Chevalier fait tomber une chaise) Il y a quelqu'un ?  
 
Augustin rentre dans la cuisine ; le Chevalier se place près de la porte, attendant le retour d'Augustin qui ne tarde pas à faire son retour ; le chevalier lui fait un croc-en-jambe) 
 
AUGUSTIN, toujours 
Nom d'une pipe !  
 
Le Chevalier s'enfuit par la cheminée 
 
MAMOUZELLE, surgit et éclaire la pièce en appuyant sur l’interrupteur 
Eh bien, Augustin, que se passe-t-il ? Que fais-tu allongé par  
terre ? 
 
AUGUSTIN 
J'ai entendu du bruit, tout à l'heure... alors je suis venu voir ce qui se passait ...puis ma bougie s'est éteinte et j'ai trébuché sur un objet…  
 
MAMOUZELLE 
Tu aurais pu éclairer la grande salle. Il te suffisait pour cela d'appuyer sur l'interrupteur. 
 
AUGUSTIN 
Je sais, je sais... mais je préfère utiliser la bougie à cette heure-ci plutôt que l'éclat violent du néon.  
 
MAMOUZELLE 
Remets la chaise que tu as fait tomber à sa place, et viens te  
coucher ! 
 
AUGUSTIN 
Ce n'est pas moi qui... 
MAMOUZELLE 
Bon, tu viens te coucher. 
AUGUSTIN 
D'où pouvaient provenir les ricanements de tout à l'heure ? Etrange que tout cela ?  
 
Il quitte les lieux, suivi de Mamouzelle 
 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
AUGUSTIN, ROBERTO. 
 
Quelques temps plus tard... 
 
AUGUSTIN, place des fagots dans la cheminée 
J'espère qu'il y en aura assez pour la soirée ? (Il passe derrière le bar et se un verre de vin) A propos... que vais-je manger ce soir ? Ma femme n'est toujours pas rentrée du village. Sans doute est-elle allée consulter Madame de Flipette la voyante du village de Maison-Du-Bois doré ? Et les connaissant toutes les deux, quand elles se mettent à bavarder, ça peut durer toute la nuit. Enfin ! Allons voir à la cuisine s'il n'y a pas quelque chose à grignoter. 
 
Augustin rentre dans la cuisine ; Roberto sort de la chambre, portant un peignoir et une écharpe autour du cou ; il tient dans une main un vieux manuscrit et dans l'autre un bâton. Il marmonne entre ses dents et fait le va-et-vient. Il semble répéter une scène de combat. 
 
AUGUSTIN, qui a fait son retour entre temps 
Je te sers un verre de Champinelle ? (Un temps) Un morceau de saucisson, peut-être ? 
 
ROBERTO 
Silence, mon ami ! J'apprends un rôle important. 
 
Il tombe à terre et reste immobile 
 
AUGUSTIN 
Il est très bon ce saucisson de pays ! 
 
ROBERTO 
Silence ! Il s'agit-là d'une scène importante. 
 
 
AUGUSTIN 
Tu comptes tenir en haleine les spectateurs pendant combien de temps ? 
 
ROBERTO 
Je mets justement cela au point ! 
 
AUGUSTIN 
Je te signale que ça fait trois jours que tu mets cette scène au point ! (Puis) As-tu trouvé ta réplique ? 
 
ROBERTO, se relève 
Il me tarde de la trouver car nous devons présenter la pièce au tout début du mois prochain. 
 
AUGUSTIN 
Dis-moi, Roberto, ne dois-tu pas partir à Florence cet après-midi pour y rejoindre Mademoiselle Roméo ? 
 
ROBERTO 
Je dois retardé mon départ d'une semaine... je suis grippé ces temps-ci. 
 
AUGUSTIN 
Tu comptes aborder d'autres scènes ? 
 
ROBERTO 
Non, pas avant d'avoir bien mis au point celle-ci. Je vais d'ailleurs profiter de la semaine pour bien la travailler. 
 
AUGUSTIN 
Cela promet ! 
 
ROBERTO 
Cela te dirait-il de me faire ma réplique ces jours-ci ? 
 
AUGUSTIN 
Hélas, je ne suis pas comédien… je n'ai pas une bonne mémoire. 
 
ROBERTO 
Ce ne sera pas bien compliqué. Bon, que mangeons-nous ce soir ? 
 
AUGUSTIN 
Du saucisson ! Pour la suite, il faudra attendre le retour de Mamouzelle qui rentrera du village en fin de soirée.  
 
ROBERTO 
Très bien. J'attendrai sagement son retour. 
 
AUGUSTIN, lui sert un verre de vin 
Je te sers un verre de Champinelle, en attendant ? 
 
ROBERTO 
Tu as le journal d'aujourd'hui ? 
 
AUGUSTIN, lui remet le journal 
Le voilà. 
 
ROBERTO 
Tiens ! il y a un article en première page sur le Comte de la Bouche-En-Biais : « Pour des raisons de restauration de la façade Sud du château de la Via Doré, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Bié interrompt la visite hebdomadaire... il s'avère que celui-ci envisage de vendre son château au plus offrant ... (Puis) ... La Via Doré sera mise en vente le mois prochain, une fois les travaux achevés... vous pouvez d'hors et déjà vous renseigner à l'adresse suivante... » Etrange ! Je suis allé rendre visite au Comte le week-end dernier, et il ne m'en a pas parlé. 
 
AUGUSTIN 
Il s'agit-là de ses affaires. 
 
ROBERTO 
Il est vrai qu'il est libre de faire ce qu'il lui plaît de son château... mais enfin ! 
 
AUGUSTIN 
C'est ainsi, mon ami ! (Il met du bois dans la cheminée) A propos, Roberto, c'est bien toi qui m’as parlé d'un remède mexicain qui soigne des maladies en tout genre ? 
 
ROBERTO 
Eh bien... comme me le fit savoir le Docteur Castaneda à Mexico, cet été, le remède en question possède des vertus inimaginables, capables de venir à bout de certaines maladies contagieuses… 
 
AUGUSTIN 
Contagieuses ? Mais encore ? 
 
ROBERTO 
Des maux de tête, par exemple. 
 
AUGUSTIN 
Mais encore ? 
 
ROBERTO 
Dis-moi, mon ami, ne serais-tu pas atteint d'une maladie, ces temps-ci ? 
 
AUGUSTIN 
Il y a que... c'est trop délicat pour en parler. 
ROBERTO 
Mais non, mais non, dis-moi tout ! Peut-être que le Docteur Castaneda trouvera une solution à ton problème ? 
 
AUGUSTIN 
Eh bien, voilà... depuis plusieurs années je fais des crises d'épilepsies. 
 
ROBERTO 
Et c'est seulement aujourd'hui que tu m'en parles ? 
 
AUGUSTIN 
C'est trop personnel, comprends-le ? 
 
ROBERTO 
Comment se présentent les symptômes ? 
 
AUGUSTIN 
Tout d'abord, mon visage blanchit. Puis quelque chose de douloureux me rentre dans le crâne qu'il est difficile de maîtriser et qui a une emprise sur mon cerveau. Me voilà ensuite à terre, éprouvé par la douleur, seul comme un damné à ne savoir que faire ? Je dois tout simplement attendre que cela me passe, mais ça peut durer longtemps ? De plus, il faut qu'on me tienne la langue pour qu’elle ne se retourne pas, sans quoi je risque l'étouffement.  
 
ROBERTO 
Tu as bien fait de m'en parler ! 
 
AUGUSTIN 
Tu penses que le remède du Docteur Castaneda pourra me tirer d'affaire ? 
 
ROBERTO 
Bien entendu ! Seulement voilà... l'utilisation... enfin... les effets secondaires sont... comment dire ?... eh bien, il est déconseillé de forcer sur les doses... cela peut être dérangeant pour le cerveau à trop fortes doses. 
 
AUGUSTIN 
Quand pourrais-je le tester ? 
 
ROBERTO 
J'en attends justement une commande pour ces jours-ci. 
 
AUGUSTIN 
Formidable ! 
 
ROBERTO 
Bon sang ! Que fait Mamouzelle ? Elle n'est pas décidée à rentrer. Je commence à avoir faim. 
 
AUGUSTIN 
J'ai peur qu'elle n'ait eu un malaise sur le chemin du retour. Ca lui prend souvent ces temps-ci. 
 
ROBERTO 
Je vois... elle aussi fait des crises d'épilepsie ! Dis donc, l'automne n'est pas une bonne saison pour tout le monde ! 
 
AUGUSTIN 
Tu n'y es pas du tout ! 
 
ROBERTO 
Le Docteur Castaneda pourrait peut-être la tirer d'affaires ? 
 
AUGUSTIN 
Il s'agit de signes qui annoncent un heureux évènement pour le printemps prochain, mon cher Roberto. 
 
ROBERTO 
Vraiment ? 
 
AUGUSTIN 
Evidemment, tu étais tellement préoccupé avec ta pièce de théâtre que tu n'as rien remarqué d'étonnant sur Mamouzelle. 
 
ROBERTO 
De quoi s'agit-il ? 
 
AUGUSTIN 
Comment dire… ? 
 
ROBERTO 
Tu veux dire que… 
 
AUGUSTIN 
Parfaitement ! 
 
ROBERTO, lui fait une accolade 
Toutes mes félicitations au futur Papa et à la future Maman ! 
 
Tous deux continuent de boire du Champinelle. Petit à petit, ils s'endorment sur le bar. Mamouzelle entre ensuite, se dirige vers la cheminée pour y mettre une bûche. Roberto ouvre les yeux, l'aperçoit, se lève, la salue, puis file dans la chambre. Mamouzelle s’approche d'’Augustin, le secoue, mais ce dernier ne répond pas. Elle n'insiste pas et va se coucher.  
 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
------------------------------ 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE, ROBERTO. 
Le lendemain matin... 
 
Augustin est toujours endormi sur le bar... 
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre, aperçoit son mari endormi, se dirige à la cuisine, puis en ressort quelques secondes plus tard, une tasse de café en main 
Mon cher mari prendra son café habituel ou plutôt un verre de « Champinelle » ? 
 
AUGUSTIN, à moitié réveillé 
Pour le petit café, ça ira bien.  
Il se dirige vers elle et la tripote 
 
MAMOUZELLE 
Voyons chéri, ce n'est pas le moment pour les galipettes !  
 
AUGUSTIN, agenouillé 
Laisse-toi faire, nous sommes seuls ! (Il pose ses mains sur son ventre) 
 
Eh bien, pour cet heureux évènement, que t'a prédit Madame de Flipette ? Ce sera une fille ou un garçon ? 
 
MAMOUZELLE 
Ce sera une surprise ! 
 
SYLVESTRE, entre en chantant 
“I'm singing in the rain, just singing in the rain... what a glory high sphere... I’m happy again...” Salut la compagnie ! Comment vont les amours aujourd'hui ? 
 
AUGUSTIN 
Nos amours vont à merveille, mon cher Sylvestre !  
 
MAMOUZELLE 
Vous êtes bien matinal, Facteur.  
 
SYLVESTRE 
Aujourd'hui, ma tournée est moins longue que d'habitude... Généralement, à cette heure-ci, je me rends au château de Monsieur le Comte de la bouche-en-Bié... mais la route qui nous y conduit est barrée à cause des travaux. Vous n'êtes pas au courant ?  
 
MAMOUZELLE 
La Via Dorée barrée à cause des travaux ? 
 
SYLVESTRE 
Eh oui, ma petite dame ! Vous semblez ignorer que Monsieur le Comte de la bouche-en-Bié a décidé de vendre son château le mois prochain.  
 
MAMOUZELLE 
De vendre son château ? Vous en êtes bien sûr, facteur ?  
 
SYLVESTRE 
C'est écrit en clair dans les journaux, ces jours-ci.  
 
AUGUSTIN 
Ce sont là les affaires du Comte, Mamouzelle. Cela ne nous regarde pas. 
 
SYLVESTRE 
Bien que les raisons qui le poussent à agir de la sorte ne sont pas clairement précisées dans les journaux. Enfin ! Ce sont là les affaires du Comte de la bouche en Bié.  
 
MAMOUZELLE 
Le café est encore chaud, Sylvestre. Je vous en sers un ?  
 
SYLVESTRE 
Bien volontiers, ma petite dame ! Mon vouage fut si long que je n’ai guère eu le temps d’apaiser ma soif ! 
 
Mamouzelle sert le café à Sylvestre 
 
AUGUSTIN 
Du courrier, facteur ? 
 
SYLVESTRE, lui remet une lettre 
Voyez plutôt, cher Maître. 
 
AUGUSTIN 
Tiens donc ! un courrier parfumé qui nous vient de Vérone, destiné à Monsieur Roberto. 
 
MAMOUZELLE 
C'est sans doute une admiratrice ? 
 
 
 
SYLVESTRE 
Je crois bien qu'il s'agit de Mademoiselle Roméo !? Bon ! ce n'est pas tout, Augustin... et si vous lisiez la suite du feuilleton d'hier… (Il lui remet le journal) C'est en première page. 
 
AUGUSTIN 
De quoi s'agit-il ? 
 
SYLVESTRE 
Des mésaventures du Comte de la Bouche en Bié. 
 
AUGUSTIN, lit le journal 
Ca par exemple, Monsieur le Comte a disparu ! Etrange que tout cela ? 
 
SYLVESTRE 
Je voulais vous garder le meilleur pour la fin. 
 
ROBERTO, sort de la chambre 
Bonjour tout le monde ! Tu veux bien me servir un thé au Jasmin, Mamouzelle ? Comment allez-vous, facteur ? Les nouvelles sont fraîches aujourd'hui ? 
 
SYLVESTRE 
Plutôt parfumées ! 
 
AUGUSTIN, lui remet la lettre 
Il s'agit de ta fiancée qui t'envoie un courrier de Vérone. 
 
ROBERTO 
Ce n’est pas possible ! Je lui avais pourtant déconseillé d'aller à Vérone.  
 
MAMOUZELLE 
Un problème, Roberto ? 
 
ROBERTO 
Figure-toi que ma fiancée est à Vérone, chez les « Cornutto », un couple semeur de zizanie. Je l'avais pourtant prévenue. Quand je pense que nous devions fêter notre premier anniversaire de fiançailles à Florence, ces jours-ci. 
 
AUGUSTIN 
Mademoiselle Roméo a sûrement deviné que tu étais grippé, alors elle a pris les devants, en repoussant d'une semaine la date d'anniversaire. 
 
ROBERTO 
Pour aller à Vérone ! C’est idiot ! 
 
MAMOUZELLE, lui sert une tasse de thé 
Tiens, voilà ton thé au Jasmin !  
 
AUGUSTIN, présente le journal à Roberto 
Regarde, Roberto, qui est en première page, aujourd'hui !  
 
ROBERTO 
Monsieur le Comte n'a pas pu disparaître ainsi, sans en avertir ses amis ! 
 
AUGUSTIN 
Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? 
 
ROBERTO 
J'ai comme l'impression que Monsieur le Comte nous cache quelque chose d'important !? Et pourtant, la dernière fois que je l'ai vu, tout avait l'air bien normal pour lui... si ce n'est que... enfin... ce n'est pas bien important. 
 
AUGUSTIN 
Raconte toujours. 
 
ROBERTO 
En fait, il s'agissait d'un truc plutôt marrant. 
 
AUGUSTIN 
Eh bien, vas-y, fais-nous marrer ! 
 
ROBERTO 
Ce matin-là, je suis allé retrouver Monsieur le Comte à son château, et pour être très précis, nous avions prévu de déjeuner ensemble à onze heures. Jusque-là, tout allait bien. Puis vint le repas. Au fil des heures qui s'écoulaient durant notre entretien, il apparaissait sur son visage de minuscules boutons, tant et si bien que lorsque je le quittais en fin d’après-midi, il en était tout recouvert. 
 
AUGUSTIN 
Une allergie. 
 
ROBERTO 
Apparemment. 
 
AUGUSTIN 
Tu lui as parlé du fameux remède du docteur Castaneda ? 
 
ROBERTO 
J'y ai pensé, figure-toi. Mais cela ne nous explique pas son départ prématuré.  
 
AUGUSTIN 
Ces affaires ne marcheraient-elles plus ? 
 
ROBERTO 
Va savoir…  
 
SYLVESTRE, qui n’avait rien dit jusque là 
Je n'en crois rien, Messieurs ! Je pense plutôt que Monsieur le Comte s'est enfui du château pour une toute autre raison. 
 
ROBERTO et AUGUSTIN 
Une toute autre raison ? 
 
 
SYLVESTRE 
N'avez-vous jamais entendu parler d'un certain Chevalier à la Licorne ? 
 
AUGUSTIN 
Pas à ma connaissance. 
 
ROBERTO 
Pour ma part, non plus. 
 
SYLVESTRE 
Comment, Augustin ? Vous habitez à l'auberge de la Licorne depuis fort longtemps et vous n'avez jamais entendu parler du Chevalier à la Licorne ?  
 
ROBERTO 
Il y a un rapport avec l'auberge de la Licorne, Sylvestre ? 
 
AUGUSTIN 
Auberge de la Licorne... Chevalier à la Licorne... ça sonne !  
 
SYLVESTRE 
Sachez, Augustin, que cette Auberge fût, bien des siècles avant que votre dame et vous-même ne vous y installiez, un relais postal qui accueillait les pèlerins de passage dans notre Comté de Maison-du-Bois Doré.  
 
AUGUSTIN 
Je crois bien l'avoir lu dans l'historique de la Région.  
 
SYLVESTRE 
Vous saviez donc que le Chevalier à la Licorne fût le Maître des lieux, et que Licorne était un nom d'emprunt. 
 
ROBERTO 
Mais qui se cachait derrière ce nom d'emprunt ? 
 
SYLVESTRE 
Un certain Chevalier de la Bouche-en-Bié ! 
 
AUGUSTIN 
Il s'agirait donc d'une parenté du Comte. 
 
SYLVESTRE 
Son ancêtre ! 
 
ROBERTO 
Vous voulez dire que l’ancêtre du Comte de la Bouche-En-Biais aurait pris un nom d'emprunt ?  
 
SYLVESTRE 
De la Bouche-en-Bié, et non de la Bouche-en-Biais, comme le prétendirent bien plus tard ses successeurs. 
 
AUGUSTIN 
Ce qui fait encore à ce jour du remous dans le voisinage, comme nous le savons bien. 
 
ROBERTO 
Je ne comprends pas ? Pour quelles raisons avoir choisi un nom d'emprunt ?  
 
SYLVESTRE 
Ca, nous n'en savons rien ! Par contre, ce que nous savons, et la Légende le raconte si bien !... c’est que fantôme du Chevalier à la Licorne viendrait hanter le château de la Via Dorée tous les cinquante ans.  
 
AUGUSTIN 
Etrange que tout cela ? 
 
SYLVESTRE 
Et la date de son prochain retour est d’ailleurs fixée pour la fin de l'automne.  
 
ROBERTO 
Serait-ce pour cette raison que Monsieur le Comte a fui le château ? 
 
MAMOUZELLE 
Allons, Messieurs, ce n'est pas une histoire de fantôme qui effraierait Monsieur le Comte, tout de même ! 
 
SYLVESTRE 
Hélas, c'est pourtant vrai ma petite dame ! D'ailleurs, mon grand-père, qui faisait le même métier que moi à l'époque de la dernière apparition du Chevalier, racontait dans tout le voisinage qu'il se passait des choses étranges du côté de la Via Dorée. 
 
ROBERTO, MAMOUZELLE, AUGUSTIN 
Des choses étranges ? 
 
SYLVESTRE 
Mon grand-père disait entendre des ricanements à mille lieux du château ! 
 
AUGUSTIN 
Des ricanements ? 
 
SYLVESTRE 
Le grand-père de Monsieur le Comte, pris de panique, aurait aussi pris la fuite. Vous parliez d'une allergie, Roberto, qui se manifestait sur le visage de Monsieur le Comte... eh bien, figurez-vous que ce fût le même cas pour son grand-père. 
 
ROBERTO 
Autrement dit, le fantôme du Chevalier serait bel et bien de retour.  
 
SYLVESTRE 
Il est bel et bien de retour ! 
 
AUGUSTIN 
Je crois que je vais faire de l'allergie, moi aussi. 
 
MAMOUZELLE 
Ah non, Augustin, tu ne vas pas me refaire ta crise !  
 
SYLVESTRE 
Rassurez-vous ma petite dame, ici à l'auberge, vous ne risquez pas sa venue... seul le château l'intéresse. 
 
ROBERTO 
Et pourquoi cela, Sylvestre ? 
 
SYLVESTRE 
Nous n'en savons rien, Roberto. Cela reste un mystère pour tout le voisinage. La légende dit seulement que le fantôme court encore après sa licorne. Ha, ha, ha, ha, ha ! Sur ce, je vous quitte... je dois reprendre ma tournée matinale. A bientôt, compagnons ! Et surtout, pas un mot de ce que je viens de vous conter là au sujet du Chevalier de la Bouche-En-Biéééééé courant après sa Licorne. Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha ha !!!!!  
 
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
------------ 
 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, ROBERTO, MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE  
 
LE COMTE, entre, masqué, tenant une canne en main 
De la Bouche-En-Biais, Sylvestre ! De la Bouche-En-Biais, Biais, Biais, Biais, Biais, en Biais, bon sang !!!! Combien de fois faudra-t-il vous le dire, espèce d’idiot ? Ce n'est pourtant pas si difficile à prononcer. 
 
MAMOUZELLE, AUGUSTIN, ROBERTO 
Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais ! Vous, ici ? 
 
SYLVESTRE 
Et en plus de cela, masqué ! 
 
LE COMTE 
Christophe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-En-Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré ! Ici même, oui ! Comme mille hectares de vigne plus mille hectares de vigne font deux mille hectares de vigne ! (Il pince L’oreille de Sylvestre) Dorénavant, Sylvestre, vous me ferez parvenir mon courrier à l'Auberge de la Licorne. Je compte y séjourner quelques temps dans la plus grande discrétion. Ce ne sera pas nécessaire d'avertir tout le voisinage. 
 
SYLVESTRE 
Ce sera entre vous et moi, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, Biais, Biais, Biais !  
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
Foutez le camp ! 
 
 
SYLVESTRE 
A bientôt, Chevalier ! (Il sort) 
 
LE COMTE 
Qu'attendez-vous pour me servir un verre de « Champinelle », Augustin ? (Un temps) Eh bien, c'est pour la prochaine Lune ?  
 
AUGUSTIN, lui sert un verre 
C'est pour maintenant, Monsieur le Comte ! 
 
LE COMTE 
Si je dois m'en aller, dites-le moi ! 
 
AUGUSTIN, lui tend le verre 
Bien sûr que non, Monsieur le Comte ! Nous sommes toujours ravis de recevoir à l'Auberge de la Licorne un pèlerin de passage. (Le Comte se saisit du verre) Puis-je vous retirer votre peignoir ? 
 
LE COMTE 
Surtout, ne me touchez pas ! Je suis atteint d'une allergie ces temps-ci. C'est sans doute contagieux ? 
 
AUGUSTIN 
Le Docteur Castaneda va bientôt vous tirer d'affaires, Monsieur le Comte ! 
 
LE COMTE 
Qui cela ? 
 
AUGUSTIN 
Un homme qui vous veut du bien. 
 
MAMOUZELLE 
Tu veux bien mettre du bois dans la cheminée, Augustin, on commence à se les geler tous les deux ! 
 
ROBERTO 
Allons Papa, bébé te réclame !  
 
AUGUSTIN 
Je t'ai déjà dit, Mamouzelle, que je n'aimais pas être dérangé pendant l'apéritif ! 
 
LE COMTE 
Faites votre devoir de papa, Augustin, avant que votre femme ne nous refasse sa crise de l'autre jour. 
 
AUGUSTIN 
Voilà, voilà ! 
 
ROBERTO, se rapproche du Comte, journal en main 
Monsieur le Comte a de l'allergie ? 
 
LE COMTE, dégustant son verre de vin 
Je viens d'en parler à l'instant même. 
 
ROBERTO 
J'avais les yeux collés sur la première page du journal... j'étais très attentif au sujet d'un article vous concernant. Tenez, jetez-y un coup d'œil !  
 
LE COMTE 
Je regrette ... je vois flou sans mes lunettes. 
 
ROBERTO 
Parlez-moi un peu de votre allergie. 
 
LE COMTE 
Que voulez-vous que je vous chante?... Qu'elle se manifeste uniquement quand je me trouve dans mon château. 
 
 
ROBERTO 
Vous comptez réellement vendre votre château ?  
 
LE COMTE 
C'est écrit en clair dans les journaux. 
 
ROBERTO 
Votre histoire devient floue de jour en jour. 
 
LE COMTE 
Fichez-moi la paix ! 
 
AUGUSTIN, qui place des bûches devant la cheminée 
Ce sont là les affaires du Comte, Roberto. (Après avoir placé les bûches, il se dirige derrière le bar et se saisit d’une bouteille) Monsieur le Comte désire prendre un autre verre de Champinelle ? (Il s'apprête à le servir) 
 
LE COMTE, lui prend la bouteille des mains 
Vous reste-t-il une chambre de libre, mon ami ? 
 
AUGUSTIN 
Il y a toujours une chambre de libre pour un pèlerin de passage ! 
 
LE COMTE 
Espèce d'idiot ! Je ne suis pas en pèlerinage, ces temps-ci. Je suis en séjour incognito.  
 
AUGUSTIN 
Vraiment ? 
 
LE COMTE 
Je m'installe quelques temps à l’Auberge… le temps pour moi de trouver un acheteur.  
 
AUGUSTIN 
Si Monsieur le Comte veut bien me suivre jusqu'à sa chambre.  
 
 
LE COMTE 
Les valises se trouvent dans le coffre de mon auto.  
 
AUGUSTIN 
Je m'en occupe. (Il s'apprête à sortir) 
 
MAMOUZELLE 
N'oublie pas de mettre les bûches dans la cheminée, Augustin !  
 
AUGUSTIN, fait demi-tour et se dirige vers la cheminée 
Voila, voilà !  
 
LE COMTE 
Vérifiez aussi la pression des pneus ! 
 
AUGUSTIN, fait demi-tour et se dirige vers la sortie 
Très bien, Monsieur le Comte !  
 
MAMOUZELLE 
La cheminée, Augustin !  
 
AUGUSTIN, fait demi-tour et se dirige vers la cheminée 
Tout de suite ! 
 
LE COMTE, l'intercepte par le bras et l'entraîne vers la chambre 
Je vous rends votre homme, Mamouzelle, dès que j'en aurai fini avec lui !  
 
 
MAMOUZELLE 
Combien de temps comptez-vous séjourner ici, Monsieur le Comte et j’en passe ?  
 
LE COMTE 
Une semaine environ... enfin… le temps pour moi de trouver une autre demeure.  
(Le Comte prend la direction des chambres) 
 
MAMOUZELLE 
Notre Auberge manquait d'attraction. (Puis elle s'adresse à Roberto) Dis, Roberto, tu comptes déjeuner à l'Auberge aujourd’hui ?  
 
ROBERTO 
J'attends le petit déjeuner avec impatience ! 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce cas, sois à l'heure !  
 
ROBERTO 
Que nous prépares-tu de bon pour ce midi ?  
 
MAMOUZELLE 
Des spaghettis « Alla Veronese » ! 
 
ROBERTO 
Je te demande pardon ?  
 
MAMOUZELLE 
Figure-toi que c'est Mademoiselle Roméo qui m'a montré la recette.  
 
ROBERTO 
Depuis quand ma fiancée cuisine-t-elle ?  
 
MAMOUZELLE 
Tu l’ignorais ? 
ROBERTO 
Encore un coup des « Cornutto » ! Mais enfin...  
 
MAMOUZELLE 
Quelque chose ne va pas ?  
 
 
ROBERTO 
Si, si, tout va bien ! A propos, je suis au courant pour l'heureux évènement ! 
 
MAMOUZELLE 
L'heureux évènement ? Ah ! Mais oui, bien sûr ! C’est pour le mois d'août ! Seulement, j'ignore s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon ? Bon, ce n’est pas tout, je dois faire bouillir les spaghettis ! (Elle va à la cuisine) 
 
 
Roberto quitte les lieux à son tour. 
 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
--------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
Quelques siècles en arrière... Au relais postal... 
 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE,  
FRERE DAVID, FLEURETTE LA SORCIERE 
 
L'Action se déroule à présent au Relais Postal de  
Maison-Du-Bois Doré, en l'An de grâce 1492 
 
LE CHEVALIER, entre, suivi de Fleurette 
Que me contes-tu là, Fleurette ? 
 
FLEURETTE 
Sois au rendez-vous, te dis-je ! Elle y sera, Noble Chevalier. 
 
LE CHEVALIER 
Son père lui a pourtant interdit de me revoir jamais ! 
 
FLEURETTE 
Elle viendra te rejoindre lorsque paraîtra la lune pleine. 
 
LE CHEVALIER 
Et quand paraîtra-t-elle ? 
 
FLEURETTE 
Lorsque surgiront en ce lieu les ongles de la nuit. 
 
LE CHEVALIER 
Tu dis aussi qu'elle accepte de me donner sa main. 
 
FLEURETTE 
Là est son unique voeux, Noble Chevalier.  
 
LE CHEVALIER 
Dis-moi, vieille Sorcière, trouves-tu mon habit assez présentable ? 
 
FLEURETTE 
Je le trouve, ma fois, fort jolie ! Me laisserais-tu de la main le toucher si je t'en priais ? 
 
LE CHEVALIER 
Comment puis-je te le refuser. Fais à ta guise !  
 
FLEURETTE 
Le puis-je réellement ? 
 
LE CHEVALIER 
Puisque je te le dis, vieille Sorcière. 
 
FLEURETTE 
Quelle blancheur ! Son tissu est d'une belle résistance.  
 
CHEVALIER 
On nomme cela du coton. C'est mon ami Emilio le Baladin qui me l'offrit en présent lors de sa dernière visite. 
 
FLEURETTE 
Surtout, n'en change point. Mes ongles s'y agrippent de si belle façon. 
 
LE CHEVALIER 
Entends-tu par là qu'elle désire tout comme moi me prendre au creux de ses bras ? 
 
FLEURETTE 
Elle ne chérie point d'autres idées, Noble Maître.  
 
FRERE DAVID 
Ah ! Chevalier de la Bouche-En-Bié ! Je m'en viens vous quérir car vos destriers sont maintenant apprêtés et dûment ferrés. 
 
LE CHEVALIER 
Ce n'est plus nécessaire, Frère David, je ne retournerai plus à mon château, j'ai rendez-vous avec la pleine Lune. 
 
FRERE DAVID 
Avec la Pleine Lune ? 
 
LE CHEVALIER 
Fleurette me contait l'instant passé une très belle histoire.  
 
FRERE DAVID 
Vous plairait-il de m'en faire le récit ? 
 
LE CHEVALIER 
Le plus heureux évènement de ma vie se produira lorsque la Lune Pleine paraîtra aux cieux. 
 
FRERE DAVID 
Et quel évènement pourrait à ce point réjouir notre beau Chevalier ? 
 
LE CHEVALIER 
Je ne puis t'en dire mot. 
 
FRERE DAVID 
Ce qui est secret pour vous, Noble Chevalier, l'est tout autant pour moi. 
 
LE CHEVALIER 
Mais celui-la, Frère David est entre Fleurette et moi, et personne d'autre que nous n'en doit connaître un trait. N'est-ce pas vieille sorcière ? 
 
FLEURETTE 
Je serai aussi muette que la tombe, Noble Chevalier !  
 
LE CHEVALIER 
Promets-moi bien de te taire ! Aucun mot, le plus petit soit-il ne doit jamais sortir de ta bouche. Personne dans le Comté ne doit savoir, m'as-tu bien compris ? 
 
FLEURETTE 
Mes lèvres seront scellées telle la porte du caveau, Noble Chevalier ! 
 
FRERE DAVID 
Et si l'on trinquait, à présent ? 
 
FLEURETTE 
Ce serait la, grande joie, Noble Chevalier, mais vois-tu, la nuit va bientôt tomber et il me faut l'accueillir. 
 
FRERE DAVID 
Ce que j'aimerais pouvoir t'accompagner, Fleurette ! 
 
FLEURETTE 
Ce genre d'affaires ne t'est point destiné, Frère David.  
 
LE CHEVALIER 
Allons, Frère David, ne retarde pas cette vieille sorcière ! Ne vois-tu pas qu'elle a un miracle à accomplir ? Car, c'est bien cela, Fleurette, tu t'enfuis chercher la Lune ? Va donc, va donc ! 
 
FLEURETTE 
Ce sera pour ce soir, Noble Chevalier. Tiens-toi prêt ! 
 
LE CHEVALIER 
Alors ce vin, Frère David ! J'attends ! 
 
 
FRERE DAVID 
Je suis à vous, Chevalier ! Je finis de prendre quelques notes.  
 
LE CHEVALIER 
J'ai soif ! 
 
FRERE DAVID 
Voilà ! Voilà ! (Un temps) Dites-moi, Chevalier, allez-vous enfin me livrer votre secret? 
 
LE CHEVALIER 
Hélas, je ne le puis. 
 
FRERE DAVID 
Vous ne vous faites point prier d'habitude. 
 
LE CHEVALIER 
Soit ! Mais je ne t'en livrerai qu'une infime partie. 
 
FRERE DAVID 
Je savais bien que vous n'aviez point de secret pour moi, Noble Chevalier. 
 
LE CHEVALIER 
Si je te disais qu'un heureux évènement m'attend à la pleine Lune, cela comblerait-il ta curiosité, Frère David ? 
 
FRERE DAVID 
Et quand surgira-t-elle ? 
 
LE CHEVALIER 
Lorsque surgiront en ce lieu les ongles de la nuit. 
 
FRERE DAVID 
Cela, je l'entends bien. Mais quand ? 
 
LE CHEVALIER 
Je dois en finir ici, tu en connais déjà bien trop ! 
 
FRERE DAVID 
Fort bien, Seigneur. De toutes façons, il arrivera ce qu'il doit arriver. A votre santé, Noble Chevalier ! 
 
LE CHEVALIER 
Elle viendra, j'en suis sûr !  
 
FRERE DAVID 
Qui donc doit venir ? 
 
LE CHEVALIER 
Personne. Je me parlais à moi-même. 
 
FRERE DAVID 
Ah ! J'y vois mieux. Je sais qui est l'objet de vos pensées.  
 
LE CHEVALIER 
Que racontes-tu, imbécile ? 
 
FRERE DAVID 
Ne s'agirait-il point de cette Damoiselle dont vous fûtes épris naguère, lorsque vous la rencontrâtes pour la première fois au repas que donnait son père, le Seigneur De Modestie. Serait-elle de retour dans votre esprit ? 
 
LE CHEVALIER 
Las ! Je t'en prie, Frère David, ne me questionne point. Vaque à ta besogne ! Tiens ! Si tu rejoignais tes écrits. 
 
FRERE DAVID 
En ce cas, je vous quitte, Chevalier, vous laissant seul pour sa venue... Que les rêves vous soient doux ! (Il quitte les lieux) 
 
LE CHEVALIER 
Certes, doux, ils le seront. (Il quitte les lieux à son tour) 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
MAMOUZELLE, ROBERTO 
 
De nos jours... A l'Auberge de la Licorne... 
 
Roberto sort de chambre, un bâton dans une main et un manuscrit dans l'autre. Il fait le va-et-vient. Il travaille sa scène de théâtre en faisant des gestes très amples 
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine, une cocotte minute en main, observe Roberto 
Tout s'arrangera, Roberto ! Tu n'es pas obligé de te mettre dans un pareil état. Elle te reviendra ta fiancée ! 
 
ROBERTO 
Silence ! Je mets une scène au point. 
 
MAMOUZELLE 
Tu risques de l'effrayer avec tous ces gestes brusques.  
 
ROBERTO 
La scène est mouvementée, je sais. 
 
MAMOUZELLE 
Ce n'est pas comme ça qu'il faut t'y prendre avec ta fiancée. 
 
ROBERTO 
Je ne vois pas ce que Roméo vient faire dans cette scène. 
 
MAMOUZELLE 
Vraiment pas ? 
 
 
ROBERTO 
Je te dis qu'il s'agit-là d'une scène que je règle en ce moment pour le compte d'une pièce de théâtre qui doit se jouer prochainement dans la région...  
 
MAMOUZELLE 
Tu ferais bien de lui conter Fleurette à ta bien-aimée. 
 
ROBERTO 
Je t'en prie, ne me parle plus d'elle. 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce cas, si tu veux bien passer à table… Je vais te servir le délicieux plat que ta future victime m'a appris. 
 
ROBERTO 
Ma future victime, dis-tu ? 
 
MAMOUZELLE 
Parfaitement ! 
 
ROBERTO 
Je ne vois vraiment pas ce que la victime de cette pièce a à voir avec le repas de ce Midi ? 
 
MAMOUZELLE, ouvre le couvercle de la cocotte minute 
Voici le plat du jour ! 
 
ROBERTO 
Des pâtes au beurre, et alors ? 
 
MAMOUZELLE 
Elle sont préparées « Alla Veronese » !... avec un soupçon d'épices ! 
 
 
ROBERTO 
“Alla veronese... alla Veronese…” Tout compte fait, je n'ai pas faim, Mamouzelle. (Il retourne dans les chambres) 
 
MAMOUZELLE 
Bon débarras ! Maintenant, je n'aurai plus à supporter d'autres divagations de sa part. Je comprends mieux sa fiancée… (Elle retourne à la cuisine) 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
AUGUSTIN, SYLVESTRE 
 
Quelques heures plus tard... 
 
SYLVESTRE, entre dans l’auberge 
“ I'm singing in the rain, just singing in the rain... what glory high sphere... I’m happy again !!! " (Puis) Debout les morts ! 
 
AUGUSTIN, sort de la cave 
Désolé, Sylvestre, c'est l'heure de la sieste. Repassez plus  
tard ! 
 
SYLVESTRE 
C'est que j'ai un colis urgent à remettre à Monsieur Roberto. 
 
AUGUSTIN 
Voyez-vous, mon ami, chez moi, la sieste c'est sacré... alors... 
 
 
SYLVESTRE 
Il s'agit d'un colis express en provenance de Mexico, cher Maître ! Sachez qu'il a fallu que je me passe de la sieste pour vous l'amener. 
 
AUGUSTIN 
Un colis express en provenance de Mexico, dites-vous ? 
 
SYLVESTRE 
C'est un certain Docteur Castaneda qui vous l'envoie. 
 
AUGUSTIN 
Castaneda ? Castaneda ? Ah ! Mais bien sûr ! Il s'agit du fameux remède. 
 
SYLVESTRE 
Avec un nom aussi louche, comment pourrait-on l'oublier. 
 
AUGUSTIN 
Roberto et moi attendions ce colis avec impatience. Si vous voulez bien me le confier, je le lui remettrai en main propre. 
 
SYLVESTRE 
Souhaitons que ce remède fera votre bonheur. Sur ce, je vous salue, cher maître, la sieste m'attend. Et comme vous le dites si bien, « la sieste, c'est sacré » ! 
 
AUGUSTIN, sort de dessous sa veste une bouteille qu’il remet à Sylvestre 
Tenez, Facteur, voici pour vous une bonne bouteille de « Champinelle ». Vous l'avez bien mérité ! 
 
SYLVESTRE 
Là, Augustin, je vous reconnais bien dans votre rôle favori. 
 
AUGUSTIN 
Tout le plaisir est pour moi, Sylvestre. Notre Auberge est un peu l'avant poste du pays des rêves, et je n'en suis que l'humble gardien. De plus, il y a une tradition qui perdure au fil des siècles, que celle de donner aux pèlerins de passage et à tous ceux qui repartent sur les routes un peu de réconfort.  
 
SYLVESTRE 
« Aux pèlerins ! Aux pèlerins ! » Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Vous en faites un beau de pèlerin, compère ! Allez ! Je vous dis à demain, pour plus de réconfort. (Puis) « Aux pèlerins ! Aux pèlerins ! »  
Ah !Ah ! Ah ! Ah ! (Il sort ensuite)  
 
AUGUSTIN 
Enfin, te voilà, remède tant désiré ! On m'a tellement parlé de toi. (Il retourne à la cave) 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 7 
 
Quelques siècles en arrière... 
 
LE CHEVALIER, EMILIO LE BALADIN 
 
EMILIO LE BALADIN 
Allons, debout, Frère David ! J'arrive de voyage et j'ai moult présents en mon bagage. 
 
LE CHEVALIER 
Baladin ! Ton retour est enfin accompli ! Cela me comble de  
joie !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Vous ici, Chevalier De la Bouche-en-Bié, à une heure si nuitamment avancée ? 
 
LE CHEVALIER 
Et pour cause ! Ce soir, j'attends un heureux évènement.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Tout soir est le berceau d'un heureux évènement, preux Chevalier ! Des myriades d'étoiles y dansent pour nous un ballet de lumière.  
 
LE CHEVALIER 
Mais ce soir est pour moi plus important que tous les autres soir. J'ai rendez-vous avec la Pleine Lune. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Votre attente semble impatiente ? 
 
LE CHEVALIER 
Elle doit m'apporter le salut. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Et comment être sûr de sa ponctualité ? Ne savez-vous point que jamais elle annonce sa venue dans nos cieux ? 
 
LE CHEVALIER 
S'il le faut je ferai mon attente éternelle ! 
 
EMILIO LE BALADIN 
Je vous souhaite patience jusque-là. 
 
LE CHEVALIER 
Elle s'en viendra ce soir ! Fleurette m'en a fait la promesse.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Ah ! Si Fleurette vous en a fait la promesse, alors vous êtes libre de choisir les contes en lesquels vous avez foi. 
 
LE CHEVALIER 
L'avenir nous le dira. Mais en attendant, trinquons, Compagnon !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Bien volontiers, Chevalier ! Mon vouage fut si long que je n'ai guère eu le temps d'apaiser ma soif. 
 
LE CHEVALIER 
Eh bien, quoi de mieux pour l'apaiser que le fruit de mes dernières récoltes. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Dites-moi, Chevalier, où donc Frère David s'en est-il allé ? 
 
LE CHEVALIER 
Ton Frère Spirituel se repose. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Dans ce cas, ne dérangeons pas son sommeil. A votre santé, Chevalier !  
 
LE CHEVALIER 
Elle viendra, j'en suis sûr ! 
 
EMILIO LE BALADIN 
A propos, iriez-vous décrocher la Lune pour elle ?  
 
LE CHEVALIER 
Pour elle ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Et bien oui, pour elle ! 
 
LE CHEVALIER 
Qu'es-tu en train de me conter là, Baladin ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Nous n'avions pas encore jeté l'ancre, mes Compagnons et moi-même, que déjà l'on me chantait vos aventures. 
 
LE CHEVALIER 
Je t'ordonne de me conter quelle musique court sur le port !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Désirez-vous vraiment savoir ce que l'on chante de vous, Chevalier ?  
 
LE CHEVALIER 
Je te répondrai en te faisant savoir s'il y a là la moindre vérité. 
 
EMILIO LE BALADIN 
La chanson du port raconte que votre coeur s'est épris de la jolie fille du Seigneur de modestie. 
 
LE CHEVALIER 
Mais encore ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
La chanson dit ensuite que la belle accepte de vous donner sa main.  
 
LE CHEVALIER 
Sang Dieu ! Mais ce n'est plus un secret si on le crie partout dans le voisinage. 
 
 
EMILIO LE BALADIN 
Sachez que tout le monde est heureux de le partager avec vous.  
 
LE CHEVALIER 
En as-tu la certitude ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Les étoiles ne suffisent-elles point à vous éclairer ? De plus, il s'agit-là de votre salut. 
 
LE CHEVALIER 
Ah ! Que de réconfort tu peux m'apporter. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Et pour cette heureux évènement, je vous ai rapporté de mon dernier voyage un présent de bon augure. 
 
LE CHEVALIER 
Dois-je encore accepter ? Tu me combles de tant d'offrandes.  
 
EMILIO LE BALADIN 
En de telles circonstances, il est pour moi de bon aloi de vous prouver ma reconnaissance. D'autant plus que ce geste m'est dicté par la main de la providence. 
 
LE CHEVALIER 
Tu es si généreux, Emilio le baladin, mon ami, que c'est plutôt à moi de te prouver ma reconnaissance. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Il nous faut remercier l'étoile du firmament, celle qui amena nos pas à se croiser sur le chemin de l'amitié. Acceptez-vous ce nouveau présent ? 
 
LE CHEVALIER 
Le dernier m'avait déjà donné tant de satisfaction.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Dites-moi, Chevalier, avez-vous pensé à ce que vous alliez offrir à la belle ? Oubliez-vous donc qu'elle s'en vient vous offrir son coeur et sa main ?  
 
LE CHEVALIER 
Au contraire ! C'est là l'unique objet de mes pensées. 
 
EMILIO LE BALADIN, sort un écrin de sa poche 
Eh bien, vous lui remettrez ceci.  
 
LE CHEVALIER 
De quoi s'agit-il ? 
 
EMILIO LE BALADIN, lui remet l’écrin  
Il y a dans cet écrin une bague taillée dans du cristal.  
 
Le Chevalier De la Bouche-En-Bié ouvre l'écrin, Une lumière en jaillit qui lui baigne le visage d'une douce clarté 
 
LE CHEVALIER 
Cette bague est si différente des autres bijoux. Elle est si belle, qu'en la contemplant, j'ai l'impression de me mirer dans toutes les merveilles du monde. Mais où l'as-tu eue ? Qui donc l'a  
fabriquée ?  
 
EMILIO LE BALADIN 
Elle fut conçue au coeur d'une vallée interdite. L'Artiste qui l'a fit naître est un sage et se nomme « Fernando Figlio del Vento ». Ses mains sont faites de pure grâce. Mais tout d'abord, elle fut dessinée par Raphaël Belleplume, un artiste aux doigts plus légers que la plume de l'oiseau de cristal, dont il se sert pour exécuter ses oeuvres. 
 
 
LE CHEVALIER 
Mais c'est une Licorne qui en orne la gemme !  
 
EMILIO LE BALADIN 
La Licorne est signe de pureté. Elle vous guidera votre belle et vous-même vers de belles destinées. 
 
LE CHEVALIER 
Ton présent me comble déjà de bonheur. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Elle vous protégera tous deux contre le mal et l'adversité.  
 
LE CHEVALIER 
Je suis assez fort pour vaincre qui que ce soit, et entends bien protéger ma tendre aimée avec le rempart de mon corps. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Certes ! Certes ! Mais il est des forces du mal que le bien ne peut abattre. Cette bague vous aidera à lutter contre elles. Je dois vous quitter, à présent, mes Compagnons m'attendent afin que nous puissions dresser les voiles au petit jour...  
 
LE CHEVALIER 
Pourrais-je jamais assez te remercier, mon ami Emilio le  
Baladin ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Vous n'avez nul besoin de me remercier, Chevalier. Le destin guide mes pas vers l'éternel, et ma plus belle récompense est ce sourire sur votre visage.  
 
LE CHEVALIER 
Tu es un sage, Emilio. Et où le destin va-t-il guider tes  
Voiles, cette fois-ci ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Il m'entraîne dans une croisade vers l'inconnu, vers un pays où nul n'a jamais posé le pied… Je m'en vais à la recherche de la vérité ! Adieu, Chevalier ! Je vous souhaite longue vie ! Et que les étoiles éclairent votre chemin !  
 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
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ACTE 1 / SCENE 8 
 
 
De nos jours... à l'Auberge de la Licorne… 
 
MADEMOISELLE CATHERINE,  
MAMOUZELLE, LE COMTE 
 
Mademoiselle Catherine entre dans l’auberge, aperçoit la cocotte minute, ouvre le couvercle... 
 
MAMOUZELLE , surgit au même moment 
Mon plat semble faire recette !? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Il possède un fumet venu de nulle part. 
 
MAMOUZELLE 
Vous voulez peut-être y goutter ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
J'accepte avec joie ! 
 
MAMOUZELLE 
Mais tout d'abord, je vais vous servir un verre de « Champinelle », chère Madame... 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mademoiselle Catherine, Députée Régionale du Languedoc-Roussillon ! Je suis en mission incognito à Maîson-Du-Bois Doré. 
 
MAMOUZELLE 
Et moi, c'est Mamouzelle, la tenancière de l'Auberge de la Licorne, Mademoiselle la Députée. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Vous pouvez m'appeler Catherine. 
 
MAMOUZELLE 
Ravie de recevoir, même incognito, la visite de Madame la Députée Régionale. Cela me remplit quand même de question ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mademoiselle Catherine… enfin, toujours est-il que notre jolie région est de plus en plus visitée d'année en année, c'est pourquoi le Marché International du Tourisme a chargé le Conseil Régional d'une mission bien délicate, laquelle consiste à aménager notre territoire pour lui donner plus de charme encore.  
 
MAMOUZELLE 
Vraiment ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Nous pensons que l'historique de notre région pourrait être l’un des éléments principaux qui redonnerait un second souffle à notre patrimoine culturel. 
 
MAMOUZELLE 
Tout ceci me semble très intéressant, chère Mademoiselle Catherine, cependant il faut que vous sachiez que nous n'avons pas besoin de touriste chez nous. Ici, vous risquez de perdre votre temps.  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Les résultats de l'enquête que je dois mener auprès des habitants de ce pays me diront si oui ou non j'ai tort.  
 
MAMOUZELLE 
Dans notre auberge, personne ne pourra vous aider pour cette enquête. 
 
LE COMTE, sort des chambres, toujours masqué 
Ah, Mamouzelle ! Je vous cherchais partout. Je vous félicite pour les spaghettis, elles étaient fameuses de chez ! 
 
MAMOUZELLE 
Voilà au moins quelqu'un qui sait apprécier les bonnes choses !  
 
LE COMTE 
Vous voulez bien me servir ma collation habituelle, Mamouzelle !  
 
MAMOUZELLE 
Bien, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE, s'adresse à Catherine 
Bonjour Madame ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mademoiselle Catherine… Députée Régionale du Languedoc-Roussillon ! Je suis en mission incognito à Maison-Du-Bois Doré. 
 
LE COMTE 
Vous aussi ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
La mission qui m'amène ici est secrète. 
 
LE COMTE 
Tiens donc ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Cela devrait sans nul doute vous intéresser, Christophe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré ! 
 
LE COMTE 
Vous semblez connaître mon pedigree par coeur, Mademoiselle la Députée !? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Vous voulez bien m’appeler Catherine. (Puis) Eh bien, figurez-vous que l'on parle beaucoup de vous dans les journaux. Quant à la photo en première page, elle vous ressemble assez bien. 
 
LE COMTE 
Pourtant, je suis masqué. 
 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
L'intuition, mon ami, L'intuition !  
 
LE COMTE 
Surtout, ne dites à personne que je séjourne en ce lieu incognito. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Cela restera un secret entre vous et moi. 
 
LE COMTE 
Pour en revenir à votre mission secrète… en quoi pourrait-elle m'intéresser ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Le Conseil Régional compte réaménager le territoire de Maison-Du-Bois Doré, et prépare un itinéraire sur mesure pour accueillir le tourisme international. L'objectif serait de lui faire découvrir notre patrimoine culturel. 
 
LE COMTE 
Voilà une excellente idée ! D’ailleurs, à l’Auberge de la Licorne, vous allez découvrir tous les éléments nécessaires à la résolution de votre enquête. 
 
MAMOUZELLE, remet une bouteille de Champinelle au Comte 
Je ne le pense pas. (Puis elle va à la cuisine) 
 
LE COMTE 
j'y pense, Catherine… ce ne serait pas vous ou bien quelqu'un de votre entourage qui m'aurait téléphoné récemment et qui désirait m'acheter ma Propriété Viticole ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
C'est bien moi. 
 
LE COMTE 
Hélas ! Seul le château de la Via Dorée est en vente.  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mes collègues et moi pensions que la Propriété l'était également, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Bié. 
 
LE COMTE, tape du poing sur le bar 
De la Bouche-En-Biais, en Biais, Biais, Biais, Biais ! Bon sang ! C'est ainsi qu'il faut prononcer mon nom. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
N’est-ce pas ainsi qu'on le prononce dans tout le voisinage ?  
 
LE COMTE 
Vous ne comptez pas ressortir ces vieilles rumeurs de voisinage, tout de même ?  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Pourtant, vos origines le prouvent et votre ancêtre en est témoin ! 
 
LE COMTE 
Laissez donc mon ancêtre là où il est, il m'en fait suffisamment voir, ces temps-ci ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Il n'a pas fini de vous en faire voir. 
 
LE COMTE 
Comment ? Que dites-vous là ? 
 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
L'intuition, Noble Chevalier, L'intuition !  
 
LE COMTE 
Malheureusement, je dois vous quitter, ma chère Catherine, mon allergie me reprend, voyez-vous ? Sans doute à très bientôt ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Certainement, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais !  
 
LE COMTE 
Un conseil, Mademoiselle… à l'avenir, faites-moi le plaisir de ne plus me parler des contes de fées du voisinage.(Après quoi, il quitte les lieux) 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Fort bien, Monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais ! (Puis elle se parle à elle-même) Il va me falloir être docile avec les gens de cette auberge, ils n'ont pas l'air très coopérants. Il le faudra pourtant ! la Pleine Lune approche, et je suis en charge d'une nouvelle quête !  
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine 
Comptez-vous rester une heure de plus, Mademoiselle, ou bien vous en aller sur le champs ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je vais plutôt prendre une chambre, Mamouzelle, si vous n'en voyez pas d'inconvénients ?... Car c'est ici que je dois achever mon devoir ! 
 
MAMOUZELLE 
Je vous demande pardon ? 
 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je disais que c'est ici que je trouverai les gens que je cherche. 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce coin, les gens n'aiment pas trop que l'on vienne les importuner. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Il y a bien quelqu'un auprès de qui je pourrai me faire  
entendre ? 
 
MAMOUZELLE 
Suivez-moi ! Je vous conduis à votre chambre. 
 
 
FIN DE LA SCENE 8 
 
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
 
 
 
 
 
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EPILOGUE 
 
LE CHEVALIER / FRERE DAVID 
 
Quelques siècles en arrière, au relais postal… 
 
FRERE DAVID 
Etes-vous toujours là, Chevalier ? La Pleine Lune n'est point encore apparue ? 
 
LE CHEVALIER 
La nuit commence à peine à tomber. Elle ne devrait point être longue à se montrer. 
 
FRERE DAVID 
N'avez-vous point pris de repos ? 
 
LE CHEVALIER 
Je n'ai point sommeil. Et puis, il ne me faut en aucun cas avoir de retard sur l'heure dite. 
 
FRERE DAVID 
Il en va de même pour moi. J'ai beaucoup à écrire, ce soir… je ne vais pas tarder à partir. 
 
LE CHEVALIER 
Qu'es-tu donc en train d'écrire, Frère David ? J'ai effectivement pu m'apercevoir que tu noircissais énormément de pages, ces derniers temps.  
 
FRERE DAVID 
Je ne puis vous en révéler le contenu, Chevalier, pour la simple raison que la rédaction de ce manuscrit n'est point encore achevé. Et pour ce faire, je dois me trouver ailleurs qu'ici, en un lieu bien éloigné.  
 
 
 
LE CHEVALIER 
Comment ? Ne m'accompagnerais-tu point en cet instant délicieux que j'attends. 
 
FRERE DAVID 
Hélas, Noble Chevalier, je ne le puis. Maintenant, je dois vous quitter pour entreprendre un périlleux pèlerinage. 
 
LE CHEVALIER 
Avant que tu ne partes, laisse-moi te montrer ceci. 
 
Le Chevalier De la Bouche-En-Bié ouvre alors l'écrin qui renferme la bague de cristal, que lui a offert Emilio le Baladin. La même clarté envahit la face de Frère David 
 
FRERE DAVID 
Oh ! Quelle jolie bague ! 
 
LE CHEVALIER 
C'est un présent destiné à ma belle Dame ! Emilio le baladin me l'a confié à cet intention en signe d'amitié lors de sa toute récente visite.  
 
FRERE DAVID 
Comment donc ? Emilio fut ici, et personne ne m'en averti. 
 
LE CHEVALIER 
Nous ne désirions troubler ton repos. 
 
FRERE DAVID 
Et où s'en est-il donc allé ? 
 
LE CHEVALIER 
Pour une longue croisade vers l'inconnu. 
 
 
FRERE DAVID 
J'aurai tellement voulu le rencontrer. 
 
LE CHEVALIER 
Ce sera pour une fois prochaine. 
 
FRERE DAVID, à lui-même 
A condition que l'un d'entre nous ne se perd point en chemin.  
 
LE CHEVALIER 
Dis-moi, Frère David, penses-tu que la bague plaira à ma douce dame ?... Ses yeux en seront-ils ravis? 
 
FRERE DAVID 
Elle est magnifique ! Où donc l'a-t-on créée? 
 
LE CHEVALIER 
Dans une vallée interdite, m'a-t-on dit. 
 
FRERE DAVID 
En tous cas, elle plaira. 
 
LE CHEVALIER 
Je suis ravi par ton avis. 
 
FRERE DAVID 
Il me faut à présent vous quitter, Chevalier. 
 
LE CHEVALIER 
Eh bien va ! Et que les étoiles éclairent ton chemin ! 
 
FRERE DAVID 
Croyez-vous que j'y rencontrerai Fleurette ? 
 
LE CHEVALIER 
Et pourquoi veux-tu l'y rencontrer ? 
 
FRERE DAVID 
J'ai besoin de sa parole pour m'aider à combler une lacune dans mon manuscrit. 
 
LE CHEVALIER 
Ne te souviens-tu point de son avertissement ? Ne t'a-t-elle point interdit de te rendre là où elle s'en allait ? 
 
FRERE DAVID 
Je m'en souviens, en effet. Mais j'ai par trop besoin de son témoignage. 
 
LE CHEVALIER 
Tu perds ton temps, Frère David ! Nos voies sont trop dissemblables. 
 
FRERE DAVID 
Je ne serai point différent lorsqu'il se produira ce qui doit se produire. 
 
LE CHEVALIER 
Et que doit-il se produire en l'occurrence ? 
 
FRERE DAVID 
Il me faut vraiment partir, Chevalier… 
 
LE CHEVALIER 
Attends ! Dis-moi seulement une chose.  
 
FRERE DAVID 
Eh bien soit ! Savez-vous qu'en ce bas monde se réalisent d'étranges et folles choses à chaque nouvelle Lune Pleine ? 
 
LE CHEVALIER 
Je ne comprends pas... 
 
FRERE DAVID 
J'essaie simplement de vous avertir. 
 
LE CHEVALIER 
De m'avertir ?... Mais de quoi ? 
 
FRERE DAVID 
Vous ne pouvez et ne devez rien savoir. 
 
LE CHEVALIER 
Je veux connaître ton savoir. Eclaire-moi ! Ne me laisse point dans l'abîme obscur de l'ignorance. 
 
FRERE DAVID 
Il me faut achever sans tarder ce manuscrit. Bonne Chance, Chevalier De la bouche-En-Bié ! (Il sort) 
 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
 
FIN DU 3-ième EPISODE 
 
Affaire à suivre dans le 4-ième épisode intitulé :  
« LES ONGLES DE LA NUIT » 
 
 
 
 
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