EMBROUILLE ET Cie et COMPAGNONS DE LA TABLE
Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO
« EMBROUILLE ET COMPAGNIE »
21-ième épisode
Personnages :
Augustin (mari de Mamouzelle)
Mamouzelle (femme d'Augustin)
Sylvestre (Le Facteur)
Mademoiselle Lucie
(Fiancée du Comte) -
Monsieur Gérard
Fernando « Figlio del Vento »
Monsieur Gérard
Le Baron De Modestie
Lieux : A l'Auberge de la Licorne, située à l'écart du village de Maison Du Bois Doré, dans le Midi de la France)
EPISODE 21 : « EMBROUILLE ET COMPAGNIE » (1997)
Troisième partie de la pièce « Brèves de Comptoir » (8 personnages)
GENRE : Comédie
AUTEUR : Emilien Casali
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement
Contact : Emilien CASALI – (France)
e-mail casali-emilien1@orange.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
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http://compballadins.populus.ch/
PROLOGUE
Monsieur Gérard / Le Baron De Modestie /
Mademoiselle Lucie / Maître Jacques.
LE BARON, entre
Dites-moi, mon vieux, vous n'auriez pas vu ma fille, par hasard ? Je la cherche partout.
MONSIEUR GERARD
Vous tombez bien, monsieur le Baron, j'ai à vous parler.
LE BARON
Vous ne choisissez pas le bon moment, mon vieux.
MONSIEUR GERARD
Il s'agit de ma femme, monsieur le baron... Elle voudrait constituer un parterre d'orchidée devant l'entrée du domaine.
LE BARON
Je vous ai déjà donné ma réponse. Il n'est pas question que l'on touche aux extérieurs de mon domaine.
MONSIEUR GERARD
Pourtant, la rente viagère que nous vous versons est conséquente !
LE BARON
Nous en reparlerons quand je serai mort ! Circulez à présent !
MONSIEUR GERARD
Vous allez décevoir ma femme.
LE BARON
Bonne journée, monsieur Gérard ! (Il aperçoit Mademoiselle Lucie par la fenêtre et l'interpelle) Lucie ! Veux-tu bien venir ici un instant, j'ai à te parler ! Presse-toi, voyons ! J'ai autre chose à faire ce matin ! (Il s'adresse ensuite à monsieur Gérard) Votre femme vous attend dans la vigne, mon vieux. (Il l'entraîne par le bras vers la sortie) Tire-toi d'ici, Andouille !
LUCIE, entre
Vous désirez me parler, Père ?
LE BARON
As-tu eu des nouvelles de Christophe Rodolphe et je ne sais trop quoi, ces jours-ci ?
LUCIE
Toujours pas le moindre coup de fil, père !
LE BARON
Quelle négligence de sa part !
LUCIE
Peut-être lui est-il arrivé un malheur ? !
LE BARON
J'espère que non ! Avec tout ce qu'il me doit.
LUCIE
Que dites-vous ?
LE BARON
Il faut que ton père t'avoue quelque chose, ma fille : « L'autre soir, vois-tu, peu avant son départ pour Florence, ton cher fiancé est venu me rendre visite à mon logis ; il avait pour intention d'acheter un tableau datant de la Renaissance Italienne à Florence, et comptait l'exposer dès son retour dans son château à l'occasion de son mariage. Or, il n'avait pas la liquidité suffisante pour l'acquérir, alors il vint me demander une avance que j'acceptais de lui remettre immédiatement sans lui poser la moindre question.
LUCIE
Quelle attention délicate de votre part.
LE BARON
Je t'en prie, ma fille, ne sois pas si naïve. Ne vois-tu pas que j'ai été berné dans cette histoire ?
LUCIE
Je ne le pense pas, mon père.
LE BARON
Alors, dans ce cas, pourquoi n'ose-t’il plus se montrer ? Ce gredin n'a nullement l'intention de me rendre mon argent. Je suis certain qu'il ne réapparaîtra pas de sitôt dans notre Comté. Tôt ou tard, je lui ferai la peau à ce criminel ! Il ne perd rien pour attendre !
LUCIE
Je vous en prie, père, ne vous emporter pas ainsi !
LE BARON
Où qu'elle soit, cette canaille, je la retrouverai ! Personne ne traite ainsi un membre de notre lignée, m'entends-tu ?
FIN DU PROLOGUE
ACTE 1 / SCENE 1
LE BARON, LUCIE, MAÎTRE JACQUES
MAÎTRE JACQUES, entre
Je suis à vous, Mademoiselle Lucie !
LE BARON
Je m'apprêtais justement à vous convoquer à mon bureau, Maître jacques.
MAÎTRE JACQUES
Dès que j'en aurai fini avec mademoiselle votre fille, je vous y rejoindrai, monsieur le Baron de Modestie.
LE BARON
Je compte sur vous, n’est-ce pas ? (Il sort)
MAÎTRE JACQUES
A nous deux, mademoiselle Lucie !
LUCIE
Faites vite, je vous prie.
MAÎTRE JACQUES
Où en étais-je, déjà ?
LUCIE
Au sixième jour, je crois bien ! ?
MAÎTRE JACQUES
-Au septième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri Renê Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, suivant nos accords, mon « Bureau acajou à cylindres Louis XVI moucheté en bronze ciselé et doré ».
-Au huitième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, suivant nos accords, « Mon fauteuil crapaud datant du second Empire ».
LUCIE
Que vais-je bien pouvoir faire de toutes ces vieilleries ?
MAÎTRE JACQUES
Ce n'est pas fini. La suite des lots risque d'être plus intéressante.
LUCIE
Je vous écoute, Maître Jacques !
MAÎTRE JACQUES
-Au neuvième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, suivant nos accords, « Une table de toilette datant du premier Empire en loupe d'orme » .
LUCIE
Ce sera mon cadeau de fiançailles !
MAÎTRE JACQUES
-au dixième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie , suivant nos accords, « Une chaise à bras Louis XIII à garnitures de damas vert datant du XVIIème siècle ».
LUCIE
Mais encore ?
MAÎTRE JACQUES
-Au onzième jour : Moi, Christophe Rodolphe-Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie,suivant nos accords, « Une armoire à deux corps en noyer datant de la Renaissance française, de la seconde moitié du XVIème siècle ».
LUCIE
Je vois que mon fiancé a du goût ! Mais encore ?
MAÎTRE JACQUES
Voici enfin les lots les plus intéressants ! Vous allez pouvoir en juger par vous-même…
LUCIE
A combien de jours d'absences en sommes-nous, maître ?
MAÎTRE JACQUES
Quinze jours exactement !
LUCIE
Ce qui fait donc quatre lots supplémentaires. Je vous en prie, Maître, annoncez-moi la couleur !
MAÎTRE JACQUES
-Au douzième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, suivant nos accords ...
LUCIE
Je suis toute ouïe !
MAÎTRE JACQUES
M'engage à léguer à ma fiancée...
LUCIE
Je vous écoute.
MAÎTRE JACQUES
Ceci devrait vous plaire !
LUCIE
Eh bien ?
MAÎTRE JACQUES
M'engage à léguer à ma fiancée, Mademoiselle Lucie, « Mon écurie de pur-sang à Deauville ».
LUCIE
Ce sera tout ?
MAÎTRE JACQUES
Chacun d'entre eux représentent une véritable fortune, Mademoiselle. Ils ont été disputés à l'Emir du Koweït. L'un d'entre eux a gagné le dernier prix d'Amérique ! !
LUCIE
Fort bien.
MAÎTRE JACQUES
-Au treizième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, suivant nos accords, « Mon Ranch "Old Gringo" situé au Texas ».
LUCIE
J'ignorais qu'il possédait un Ranch au Texas… Cachottier !
MAÎTRE JACQUES
-Au quatorzième jour : Moi , Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie,suivant nos accords, « Mon gisement pétrolier » en Arabie Saoudite.
LUCIE
Il n'y a rien de plus proche dans votre inventaire ?
MAÎTRE JACQUES
-Au quatorzième jour : Moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, Comte de Maison du Bois Doré, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, suivant nos accords, « Mon chalet à Megève ».
LUCIE
Mais l’on se rapproche, dirait-on ?
MAÎTRE JACQUES
Ce sera tout pour aujourd’hui, mademoiselle Lucie !
LUCIE
Et quel est le menu au programme de demain ?
MAÎTRE JACQUES
Cela reste un secret.
LUCIE
Si vous me le chuchotez à l'oreille, je vous promets de n'en dire mot à quiconque.
MAÎTRE JACQUES
N'insistez pas Mademoiselle.
LUCIE
Il y a bien quelque chose qui vous ferait plaisir en échange de ce renseignement ?
MAÎTRE JACQUES
J'avoue avoir un faible pour le fauteuil Crapaud datant du Second Empire.
LUCIE
Il est à vous !
FIN DE LA SCENE 1
ACTE 1 / SCENE 2
MAÎTRE JACQUES, LUCIE
MAÎTRE JACQUES
Bien évidemment, vous êtes en droit de découvrir le lot suivant. (Il lui chuchote à l'oreille).
LUCIE
Que voulez-vous que je fasse de son « jet privé » ?
MAÎTRE JACQUES
Silence, je vous prie, tout le monde écoute !
LUCIE
Il est à vous si vous me faites découvrir le lot suivant.
MAÎTRE JACQUES
C'est-à-dire que je n'en ai pas le droit, Mademoiselle.
LUCIE
En plus du « jet privé » , je vous offre le bureau à cylindres Louis XVI en acajou.
MAÎTRE JACQUES
Je vous promets de l'entretenir tous les jours !
LUCIE
Avec ce que je gagnerai sur mes actions pétrolières d'Arabie Saoudite, je pourrai toujours m'en racheter un autre !
MAÎTRE JACQUES
Vous pourrez même vous offrir Versailles.
LUCIE
Combien de lots restent-ils à découvrir ?
MAÎTRE JACQUES
Si je fais abstractions des quinze lots déjà cités, il en resterait encore quinze.
LUCIE
Je présume qu'ils représentent un attachement considérables aux yeux de monsieur le
Comte ?
MAÎTRE JACQUES
Je puis vous avouer d'ores et déjà qu'il s'agit en l'espèce de sa fortune globale. Quelle immense preuve d'amour vous
témoigne-t-il là !
LUCIE, pleure
Pourquoi m'a-t-il abandonné ? Oh, mon Christounet adoré, ce que je me languis soudain de vous ! ! Qu'a-t-il bien pu vous arriver, mon brave Chevalier ? Voilà deux semaines que vous restez muet ! ? (un temps) Deux semaines ? C'est curieux, tout
de même ? ! Et puis cette somme prêtée par mon père... Qui sait s'il ne ce s'est pas trouvé quelqu'un d'autre ? Qui sait s'il n'a pas prémédité son coup dans l'espoir de rompre nos fiançailles, pour ne pas avoir à rembourser sa dette ?
MAÎTRE JACQUES
Voyons, mademoiselle... si tel était le cas, ce dernier ne vous aurait jamais légué sa fortune ! Il aurait sans doute agi autrement.
LUCIE
Tu parles d'une fortune ! Il s'agit-là d'objets de pacotilles plus encombrants qu'autre chose et qui ferait le bonheur d'un brocanteur ! Ils ne remplaceront jamais tout l'amour que j'ai pour lui.
MAÎTRE JACQUES
Séchez vos larmes, mademoiselle !
LUCIE
Vous ne le connaissez pas comme je le connais. Il est capable de tout pour
m'humilier. C'est un lâche !
MAÎTRE JACQUES
Pensez-vous qu'il vous cache quelque chose ?
LUCIE
Et dire qu'il possédait un chalet à Megève ! Il devait sans doute y séjourner pendant ses vacances d'hiver avec sa maîtresse ! ? Et moi, pendant ce temps là, je devais rester seule dans ce trou perdu, telle une gourde, à attendre patiemment l'apparition de monsieur le fantôme !
MAÎTRE JACQUES
Quoiqu'il en soit, ce chalet est à vous, à présent ! (Il lui tend un stylo) Maintenant, je vous propose de signer sur ce document.
LUCIE, signe
Allons prendre l'air, à présent !
Lucie et Maître Jacques sortent
FIN DE LA SCENE 2
ACTE 1 / SCENE 3
AUGUSTIN, SYLVESTRE,
FERNANDO, LUCREZIA
AUGUSTIN, fait son retour, suivi de Sylvestre
Voilà, mon cher facteur, comment on se débarrasse d'un individu gênant !
SYLVESTRE
J'ignorais que vous pratiquiez la boxe, cher Maître.
AUGUSTIN
Comme quoi, il faut toujours se méfier de l'eau qui dort !
SYLVESTRE
Je revois encore la scène... Quel uppercut ! Ce guignol « d'Embrouille » n'y a vu que du feu !
AUGUSTIN
L'essentiel, c'est d'avoir récupérer le chèque.
SYLVESTRE
Après de telles péripéties, nous allons pouvoir trinquer !
AUGUSTIN, lui sert un verre
Vraiment, ce que j'ai pu être bête !
SYLVESTRE
Oubliez cette histoire, Augustin !
AUGUSTIN
Ce n'est pas l'envie qui me manquait de lui prendre sa moto à cet idiot !
SYLVESTRE
A votre santé, champion !
FERNANDO, entre, suivi de Lucrezia Cornutto
Debout patron ! C'est ma tournée générale. J'arrive avec du renfort.
AUGUSTIN
Fernando, « Figlio del Vento » !
FERNANDO
Tu tiens encore debout, vieille branche ? Ciao, facteur !
AUGUSTIN
Quel bon vent t'amène, Fernando ?
FERNANDO
Je viens rendre visite à mon neveu. J'arrive de Nice à l'instant-même.
AUGUSTIN
Hélas pour toi, il a disparu !
LUCREZIA
Fernando !
FERNANDO
Que désire la Duchesse ?
LUCREZIA
Je suis très fatiguée !
FERNANDO
Messieurs, permettez-moi de vous présenter,, Lucrezia Cornutto, la Duchesse de Vérone ; celle-ci m'accompagne depuis près d'un mois dans tous mes voyages.
SYLVESTRE, lui fait le baisemain
Mes hommages, Lucrezia !
FERNANDO
Je vous présente, mon ange, Maître Augustin, le tenancier de l'Auberge de la Licorne. Et voici, Sylvestre, le Facteur le plus souple du coude que le Comté n'ait jamais connu depuis mémoire d'homme !
LUCREZIA, â Augustin
Dites-moi, Maestro, vous ne vous ennuyez jamais dans ce trou perdu ?
AUGUSTIN
On trouve toujours des bricoles à faire.
FERNANDO
Veux-tu bien indiquer une chambre à la Duchesse, cher Maître !
AUGUSTIN
Suivez-moi, duchesse. (Il rentre dans la chambre avec Lucrezia)
FERNANDO
Eh bien, facteur, cet été débute bien
pour vous ?
SYLVESTRE
A merveille ! Figurez-vous, monsieur Fernando, que je suis en congés sans solde a compté de ce jour.
FERNANDO, lève son verre
Je porte un toast à votre liberté , Facteur !
SYLVESTRE
Au repos du guerrier qui en a raz le bol de bosser au service de la poste, et qui va bientôt aller chercher le grand air pur dans des contrées inconnues à l'autre bout du monde ! Et pourquoi pas en Australie, au pays des kangourous ! ?
FERNANDO
C'est magnifique à ce que l'on dit ! J'ai d’ailleurs failli y aller dans le passé. Malheureusement, je n'ai pas pu obtenir le visa. Alors, je suis allé en Amérique.
SYLVESTRE
Ca ressemble à quoi l'Amérique ?
FERNANDO
A une immense scène de théâtre !
SYLVESTRE
“All the world a stage and all the men and women merely players !"
FERNANDO
“To be or not to be , that's the question " ?
SYLVESTRE
"...And my taylor is rich" !
FERNANDO
" And time is money" !
SYLVESTRE
Il parait que c'est un pays de gangsters ! ?
FERNANDO
Pas plus qu'ailleurs.
AUGUSTIN, de retour des chambres
Alors comme ça, " Monsieur le courant d'air " est de retour !
FERNANDO
Alors, comme ça, mon neveu a disparu.
AUGUSTIN
Au dernière nouvelle, il est au Népal.
FERNANDO
Qu'est-ce qu'il est allé faire là-bas ? C'est plein de gangsters !
SYLVESTRE
Pas plus qu'ailleurs, monsieur Fernando.
FERNANDO
Ma fois, il est libre d'aller où bon lui semble ! A propos, ta femme va bien ?
AUGUSTIN
Ma femme me les gonfle de jours en jours ! Figure-toi qu'elle est enceinte de sept mois... alors, comprends-tu... ?
FERNANDO
Il va falloir que tu te responsabilises, Papa.
AUGUSTIN
Chaque chose en son temps.
FERNANDO, se sert un verre
A ta santé, Papa !
AUGUSTIN
Quel sacrifice !
FERNANDO
Et là, elle est à l'hôpital.
AUGUSTIN
Si seulement, elle y était, ça me ferait des vacances !
SYLVESTRE
Je lève mon verre à la santé du futur Papa !
FIN DE LA SCENE 3
ACTE 1 / SCENE 4
AUGUSTIN, FERNANDO, SYLVESTRE, LUCREZIA, LUCIE
AUGUSTIN
Quel sacrifice ! (Puis) Dis-moi, Fernando, Sylvestre et moi avons remarqué que tu étais en charmante compagnie. Où l'as-tu dénichée celle-là ?
FERNANDO
Vous la voulez, messieurs, je vous la laisse gratuitement !
SYLVESTRE
Ce n'est pas le grand Amour entre vous deux, dirait-on ?
FERNANDO
En plein dans le mille, facteur ! Je vais bientôt opter pour le célibat. Cette femme ne me plaît pas. Elle est toujours en train de courir après les hommes ; elle n'est jamais satisfaite. Il lui en faut toujours plus.
AUGUSTIN, toujours
Je ne peux pas la laisser cinq minutes seule, qu'elle est déjà dans les bras du premier inconnu. Elle fatigue à la longue ! Un vrai vampire ! (Puis) Bon, ce n'est pas tout, messieurs ... il faut que j'y aille ... j'ai à faire à Montpellier.
AUGUSTIN
Tu t'en vas déjà ?
SYLVESTRE
Vous comptez abandonner votre dame, ici, monsieur Fernando ?
FERNANDO
Ne vous en faites pas pour elle, elle se trouvera très vite un autre Jules .
AUGUSTIN
Un petit verre avant de partir ?
FERNANDO
C'est bon ! j'ai eu ma dose.
AUGUSTIN
Pas même un dernier coup pour la route ?
FERNANDO, quitte l'Auberge peu à peu, tout en chantant
« Au revoir Compagnons de la Table ronde et dîtes-moi si le vin est bon ! Dites-moi, oui, oui, oui, dites-moi, non, non, non... dites-moi si le vin est bon ! ? » (Puis) Le bonjour à Mamouzelle, vieille branche et à ta future nichée ! (Il s'enfuit au loin en chantant) « ... Et si je meure, je veux qu'on m'enterre, dans une cave où y a du bon vin... dans une cave, oui, oui, oui ... dans une cave, non, non, non... dans une cave où y a du bon vin ! »
AUGUSTIN, la pipe à la bouche
Quelle chance de pouvoir se balader tout le temps !
SYLVESTRE
Que voulez-vous ? Ce type est un aventurier !
AUGUSTIN
Il a l'air de savoir ce qu'il veut.
SYLVESTRE
C’est un célibataire endurci, tout comme moi !
AUGUSTIN
Mais pas sédentaire.
SYLVESTRE
Il n'est jamais trop tard pour devenir nomade. Vous ne croyez pas ?
MAMOUZELLE, entre, accompagnée de Mademoiselle Lucie
Monsieur Sylvestre n'est toujours pas encore parti en voyage ?
SYLVESTRE
Tranquille ! Tranquille !
MAMOUZELLE
Vous ne tenez plus sur vos jambes. Et je doute que vous puissiez partir dans cet état ? !
SYLVESTRE
Ne vous en faites pas pour moi ! Je sais encore tenir un guidon de mobylette.
MAMOUZELLE
Reste à savoir si vous pouvez poser les pieds sur les pédales ?
AUGUSTIN, s'adresse à Mamouzelle
Tu n'as tout de même pas l'intention de le mettre à la porte, ma chérie ?
MAMOUZELLE
Mets-la en veilleuse, poivrot ! Ce n'est pas à toi que je cause.
SYLVESTRE
Laissez-la donc grogner un peu, Augustin ! Ca lui passera !
AUGUSTIN
Je trouve qu'elle grogne beaucoup ces temps-ci !
MAMOUZELLE
Ah oui , je grogne trop ?
SYLVESTRE, lève le doigt
Je confirme !
MAMOUZELLE
Je crois bien que je vais faire un malheur ?
AUGUSTIN
Noublie-pas ce que t'a dit le docteur Michel, ma chérie : « Si vous ne vous tenez pas tranquille, vous allez faire une fausse couche.
MAMOUZELLE
Ainsi, tu seras débarrasser du bébé à tout jamais !
LUCIE
Calmez-vous, Mamouzelle !
MAMOUZELLE
Comment peut-on se calmer lorsque l’on a pour époux un individu aussi irresponsable que lui ! ?
AUGUSTIN
Irresponsable, dis-tu ?
MAMOUZELLE
Parfaitement ! Tu es incapable d'assumer tes obligations familiales !
AUGUSTIN
Je vais commettre un meurtre, aujourd'hui ! Je suis à bout !
MAMOUZELLE
Je ne supporte plus tes caprices, poivrot ! Et puis, d’abord, on voit bien que ce n'est pas toi qui le portes, ce bébé !
AUGUSTIN
Pour l'instant, c'est sa mère que je supporte.
MAMOUZELLE, va pour le gifler
Espèce de...
AUGUSTIN, lui retient le bras
Espèce de quoi ?
MAMOUZELLE
Espèce de...
AUGUSTIN
Espèce de quoi ?
LUCIE
Cela suffit , Augustin ! Je vous défends de la toucher ! Vous feriez bien de vous remettre en question !
MAMOUZELLE
Monsieur aurait besoin d'une psychanalyse.
AUGUSTIN
Je vais commettre un meurtre aujourd'hui !
LUCIE
Pour couper court à vos disputes, je vous propose une petite sortie jusqu'au Pic Saint-Loup ! Qu'en dites-vous, Mamouzelle ?
AUGUSTIN
C'est une très bonne idée !
MAMOUZELLE
Adieu, Monsieur !
AUGUSTIN
Adieu, Madame !
Mamouzelle et Lucie quittent les lieux immédiatement
FIN DE LA SCENE 4
Fin de l’Acte 1
EPILOGUE
SYLVESTRE, AUGUSTIN
SYLVESTRE
Belle journée, ne trouvez-vous pas,
Augustin ! ?
AUGUSTIN
Me traiter d’espèce de… en public !
SYLVESTRE
C’est pas bien grave ! Allez, calmez-vous !
AUGUSTIN
C’est ça, je vais me calmer une fois
pour toute !
(Il s’apprête à rentrer dans la chambre)
SYLVESTRE
Où allez-vous comme ça ?
AUGUSTIN
Elle va voir si je suis un irresponsable. Je reviens… je vais faire ma valise. Préparez-vous, on part en voyage !
SYLVESTRE
Où voulez-vous allez à cette heure-ci ?
AUGUSTIN
Vous êtes toujours « O K ! » pour partir à l’autre bout du monde ?
SYLVESTRE
C'est à dire que je n’ai pas encore préparé ma valise… Voyez-vous, J’hésite encore entre un pays chaud ou bien un pays froid.
AUGUSTIN
Vous n’aurez pas besoin de grand-chose. Une chemise suffira amplement.
SYLVESTRE
C’est quoi, votre taille ?
AUGUSTIN
Pressons , Sylvestre !
SYLVESTRE
Et les clients, qu’en faites-vous ?
AUGUSTIN
Ils n’ont qu’ à se débrouiller sans moi.
FIN DE L’EPILOGUE
FIN DU 21-ième épisode
Affaire à suivre dans le 22-ième épisode intitulé :
« COMPAGNIE ET PLUS, SI AFFINITES »
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